Directrice de la communication d’Universal Music France, Natacha Krantz s’emploie à mettre en valeur ses catalogues et le savoir-faire de son groupe, entre humilité et puissance.
Quand elle arrive pour l’entretien dans l’« Atelier Saint-Jacques », nouveau lieu « de création et de partage » à Universal Music Group (UMG), à Paris, Natacha Krantz demande à un technicien de quitter la salle. Non que cette dircom fuie les oreilles indiscrètes. Elle est un peu ici chez elle, entre les studios et ce piano, qui a appartenu à la chanteuse Barbara, dont sa mère, Tony Krantz, fut l’attachée de presse. Mais celle qui suit son patron Olivier Nusse depuis près de dix ans est ainsi : elle se sent au service de la musique, répugne à l’exhibition personnelle, et préfère mettre en avant ses salariés chaque semaine, à travers de petits portraits dans sa newsletter.
« J’ai toujours adoré être avec des artistes, ce sont souvent des êtres éclairés et je m’en suis nourrie », dit-elle, après avoir vanté dans l’Atelier un dispositif qui a vu se succéder Pavarotti ou Alicia Keys mais aussi des masterclass, showcases ou rencontres de fans.
Inspirée par Barbara, Goldman ou Stromae, Natacha Krantz ne s’est jamais sentie une artiste. Mais elle a un peu goûté l’expérience à ses débuts, comme claviériste d’un groupe de rock et une première partie de David Bowie à la Cigale. Après des stages chez Virgin puis Havas, elle vend aux maisons de disques de la pub pour un magazine (CD Mag). Puis elle gère une boîte de nuit le week-end tout en travaillant pour l'agence Bronx. Une licence de spectacles et surtout un premier enfant lui donnent l’audace de solliciter des parts de la boîte. Sans succès.
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Après six mois chez Warner, ce n’est que chez Sony Music, et après son deuxième enfant (sur trois), qu’elle devient une pro de la musique. Entre 1997 et 2013, elle est tour à tour chef de projet, responsable promotion ou directrice marketing. Elle prend en charge le label historique, Columbia, avant de rejoindre Mercury (Universal) où elle réunit la promo et le marketing dans une direction. C’est là qu’Olivier Nusse lui confie, en 2016, la direction générale du label (auquel s’ajoutera Blue Note, Decca et Barclay) avant de lui créer, dit-elle, un « job qui n’existait pas » : dircom d’UMG France. Entre-temps, elle préside entre 2017 et 2019 les Victoires de la musique qui révéleront Clara Luciani. Et, depuis 2020, All Access Musique, une association de l’édition musicale qui assure l’égalité des chances de 80 femmes de 20 à 35 ans.
À Universal, celle qui a vécu de près l’attentat du Bataclan qui a endeuillé le groupe, sait qu’elle doit jouer sur du velours : à la fois revendiquer une forme d’humilité, le souci de bichonner ses talents, une culture de la créativité et de l’audace, et en même temps, démontrer la puissance et le savoir-faire d’un leader. « Il est important de montrer qu’on est très agile, très proche des artistes, très humain, mais aussi ultra-performant », souligne-t-elle. Aujourd’hui, elle se passionne pour la Semaine du son qui sera organisée en janvier, avec Thomas Dutronc comme parrain, et qui vise à « laisser le son respirer ». Même hypercompressé.
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Parcours :
1997. Sony Music, chef de projet, responsable du local, directrice promo puis marketing de Columbia.
2013. Universal Music, directrice promotion et marketing du label Mercury.
2016. Universal Music, directrice générale des labels Mercury Records puis Barclay.
2017-2019. Présidente des Victoires de la musique.
2021. Directrice de la communication et membre du comex.