L'année a été marquée par un fort rebond de l'activité qui a sauvé bien des entreprises de presse. Mais, après le covid, la hausse des coûts de l'énergie et du papier risque de pénaliser de nombreux éditeurs.
Notre classement des 200 premiers médias en France en 2021
Un « millésime inattendu ». C’est ainsi que Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, qualifie l’année 2021, au sortir de la crise covid. L’année précédente a obligé les groupes, constate-t-il, à « se réorganiser et à exploiter leur média dans de meilleures conditions ». Ceux-ci en tirent les fruits en 2021 comme en témoignent les excellentes rentabilités de M6 (20%) et même de TF1 (9%) et Canal+ (9%) du fait d’un surcroît très net de l’activité (respectivement +9,2% à 1,39 milliard d'euros, +16,6% à 2,42 milliards et +5,2% à 5,77 milliards). Au dessous, on peut remarquer les très bonnes marges de Reworld Media (9%), Prisma Media (12,6%), Reworld Media Magazines (13%), du Moniteur (21%), d’Uni-Médias (15%), de Mediapart (19%), d'Edimark (22%), de Marie Claire Album (17,5%) ou de Télérama (10%).
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Les rachats de Mondadori par Reworld, des magazines de Lagardère par Daniel Kretinsky (via CMI) ou de Prisma par Vivendi, montraient une anticipation par les vendeurs de résultats difficiles à obtenir sans de douloureuses restructurations. Finalement, l’année 2021 a offert un rebond inespéré. Mais la hausse du coût du papier comme des prix de l’énergie en 2022 et surtout en 2023 laisse augurer de lourdes dégradations de comptes cette année et, plus encore, l’an prochain. « Le papier est passé de moins de 5% à 12 ou 13% des coûts, observe Jean-Clément Texier. Un groupe comme Ebra, qui a réussi son redressement, va voir tous ses résultats engrangés fin 2021-début 2002 mangés par l’augmentation du coût du papier. Et les incertitudes économiques liées au manque de de visibilité générale depuis la guerre en Ukraine incitent les annonceurs à mettre le pied sur le frein. » Pas étonnant que le gouvernement songe à une aide exceptionnelle de plusieurs dizaines de millions d’euros en faveur de la presse.
Toutefois, 2021 a offert une chance. L’Équipe est ainsi sorti du rouge pour afficher 6% de marge à 125 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si Les Echos-Le Parisien souffre encore, le journal Le Monde témoigne de la pertinence de son virage numérique en étant rentable grâce à ses abonnés digitaux. La PQR conforte son modèle grâce à Ebra, Sipa-Ouest France, La Voix du Nord, tandis que les newsmagazines cherchent encore leur modèle, même si L'Obs et Valmonde (Valeurs actuelles) sont à l'équilibre.
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À noter que JCDecaux continue de subir de plein fouet les effets du covid même s’il assure une progression spectaculaire de son CA (+18,7%) après une année 2020 de fort recul (-40,6%). Idem pour Clear Channel France (+20,1%) ou Mediatransports (+34,4%). Webedia, le groupe que Marc Ladreit de Lacharrière cherche à vendre, a un gain de 33% de son activité, ce qui le met dans le top 10 des groupes médias. Facebook France le précède, à 879 millions d'euros de CA, après une évolution de +42,7% de son CA en 2021. Parmi les pertes de cette année, citons Clear Channel (-69,9 millions) JCDecaux (-14,5 millions), L'Alsace (-12,3 millions), France Télévisions (-11,8 millions), L'Express (-10,8 millions), Condé Nast (-7,9 millions) ou Lagardère News (-4,4 millions).