Des femmes moins souvent citées dans les articles, des rédactrices plutôt chargées de la culture que du sport: le Haut conseil à l'égalité femmes-hommes dénonce un biais « visible au sein même des rédactions et dans la manière dont sont rédigés les articles publiés », affirme cette instance consultative indépendante dans son troisième « état des lieux du sexisme en France ».
Les auteurs du rapport se sont d'abord penchés sur la proportion de femmes parmi les journalistes de six quotidiens, deux hebdomadaires généralistes et trois magazines féminins, mais aussi sur leur poids au sein des différentes rubriques et dans les postes de direction. Ont ainsi été examinées les rédactions du Monde, du Figaro, du Parisien, de Ouest France, Sud Ouest, 20 minutes, du Point, de l'Obs, Elle, Marie Claire et Femme actuelle.
Aucune directrice de publication
Résultat: on ne compte en moyenne que 30% de femmes dans les rédactions de presse généraliste (mais 50% si l'on inclut la presse féminine), et 20% dans la rubrique politique. La situation est toutefois hétérogène, puisqu'à l'Obs 77% des journalistes de la rubrique internationale sont des femmes. En revanche, parmi tous les journaux étudiés, on ne trouve aucune directrice de publication.
Quant au contenu des articles - examinés pour les besoins de ce rapport sur une seule date, le 3 décembre 2020 pour les hebdos et mensuels et le 7 décembre pour les quotidiens -, les femmes n'y représentent en moyenne que 23% des personnes mentionnées et 21% des personnes citées. Globalement, les articles dont une femme est le sujet principal constituent moins de 20% des contenus analysés.
« Quotas de femmes aux postes décisionnaires »
« Rousse flamboyante », « petite blonde », « actrice sexy » : l'aspect physique des femmes ou leur âge sont plus souvent mentionnés que ceux des hommes, déplore encore le rapport. Pour améliorer les choses, il faut « changer de paradigme » car « compter les femmes ne suffit pas », assène le HCE. L'organisme appelle à « des objectifs chiffrés de progression chaque année », assortis « d'une obligation sous peine de sanctions ».
Il plaide pour des « quotas de femmes aux postes décisionnaires » dans les rédactions, mais aussi pour un « système progressif de bonus-malus » dans les aides versées à la presse.
Les journaux devraient également se doter de « systèmes de comptage, informatisés si possible, sur la composition des rédactions, ainsi que sur les articles publiés », et nommer en leur sein, comme l'a fait Mediapart, un/e « gender editor » qui deviendrait la « vigie d'un traitement plus égalitaire de l'information ».