J'ai vu le premier pilote de notre première série exclusive Engrenages en décembre 2003. Nous l'avons diffusé le jeudi soir avant d'ouvrir une case le lundi soir baptisée « création originale ». L'idée était de se lancer dans la production de séries très qualitatives. Je cherchais à ouvrir Canal+ à de nouveaux publics : les jeunes et les femmes car le sport nous amenait davantage d'hommes. Fort de ce que proposait HBO, j'ai voulu une ligne éditoriale premium fondée sur des productions distinctives et haut de gamme, qui s'appuyaient sur un point de vue d'auteurs. J'ai répertorié tous les genres, du thriller au polar, en passant par la série historique et nous avons, pour chaque genre, proposé une différenciation. Ainsi, Les Revenants relevait du genre zombie ou Le Bureau des légendes de l'espionnage mais avec un aspect très psychologique et une sensibilité forte.
Il nous a fallu trouver des partenaires producteurs qui répondent à notre niveau d'exigence. Car ceux qui travaillaient jusque-là pour les télés gratuites n'avaient pas le même cahier des charges et le même rythme de production. Nous avons aussi identifié un vivier de talents nouveaux, acteurs, réalisateurs ou scénaristes, venant souvent du cinéma. Ces productions nous ont permis de créer de la valeur aux yeux de nos abonnés. Et de ne pas être uniquement distributeur mais aussi éditeur, ce qui permet de sécuriser la création. Je crois au modèle qui intègre distribution et édition. C'est pour ces raisons que nous avions aussi relancé le clair en faisant éclore des talents comme Camille Cottin, Kyan Khojandi et tant d'autres.