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Jérôme Bouvier est président des Assises internationales du journalisme. Pour Stratégies, il revient sur six faits d'actualité.

Le lancement le 29 septembre des Assises du journalisme 2021 sur le thème de l’urgence climatique et sanitaire.

La question principale porte sur la responsabilité des journalistes face à cette urgence. Ils ont un rôle majeur à jouer. Il n’est pas certain que les rédactions soient déjà organisées pour y répondre. Cela touche à des questions d’organisation mais aussi de formation et de responsabilité entrepreneuriale des médias (être un média zéro carbone, est-ce possible ?). La question est également de savoir s’il faut continuer à traiter le sujet en silos ou non…

 

60 % des Français qui pensent que les médias ont accordé trop de place à la pandémie, selon un baromètre réalisé par Viavoice pour ces Assises.

Le sujet a écrasé tous les autres, créant un sentiment d’anxiété. Nous débattrons aux Assises de la question de savoir comment aborder un sujet par nature anxiogène sans ajouter à l’inquiétude. Une information porteuse de solutions, constructive, qui dessine un chemin, est de plus en plus plébiscitée. Le baromètre traduit un autre souhait, pour « moins de covid, plus de climat » : les gens aimeraient davantage d’informations à ce sujet. Selon le Giec, il nous reste seulement dix ans pour corriger nos actions. L'enjeu est que les médias se mettent en ordre de marche.   

 

Vivendi qui se recompose, avec le projet d'OPA sur Lagardère et le désengagement d'Universal Music entré en Bourse [lire P. 35].

Au-delà du « très joli » coup financier opéré par Vincent Bolloré via cette opération boursière, c’est un groupe qui touche à la culture, à la démocratie, aux médias, au journalisme, aux rédactions : c’est ce qui apparaît le plus préoccupant. Si Vincent Bolloré avait auparavant fait preuve de prudence et de respect sur ces sujets, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter. Mais à voir sa brutalité dans la reprise de Canal+, son interventionnisme sans précédent... La boucle est complète quand ce sont les mêmes qui peuvent s’exprimer sur Europe 1 et CNews. Cela peut fausser le jeu démocratique.

 

3,8 millions de téléspectateurs pour le débat entre Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV le 23 septembre.

Il existe une certaine prime donnée à la castagne. Il n’est donc pas surprenant que cela fonctionne. On ne peut que s’interroger quand toutes les chaînes de télévision s’emparent d’une personnalité - Éric Zemmour, même pas encore candidat - pour lui donner une visibilité sans équivalent. Paradoxe : que le CSA ait voulu encadrer son temps de parole a conduit à l’effet inverse, à une surexposition.

 

Facebook qui déploie un programme pour aider des médias français à développer leurs audiences.

Les géants du numérique, ou plutôt les « infomédiaires », se sont intercalés entre les médias et leur public pour capter la valeur et maîtriser le lien. Il y a un tel rapport du faible au fort qu’il est difficile de juger cette initiative. D’un côté, les médias prennent ce qui est bon à prendre. De l’autre, il y a un problème avec les Gafa sur le paiement de leurs impôts, les droits voisins… Et ils emmènent les médias dans une dépendance. Sans compter que la course au clic ne garantit pas l’accès à une information de qualité.

 

Une baisse de -0,5 % de la contribution à l'audiovisuel public dans le projet de budget 2022 pour la culture.

On ne peut que s’en attrister. Le service public est un espace commun majeur de démocratie qu’il faut sanctuariser. Face à la toute-puissance des infomédiaires et des milliardaires, il faut un service public fort qui a besoin d’un budget. Cette annonce tombe l’année où le budget de la culture n’a jamais été aussi élevé, à plus de 4 milliards d’euros. C’est dommage.

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