Télévision
La chaîne a été contrainte de retirer le polémiste de son antenne, à la suite de la décision du CSA d’imposer le décompte de son temps de parole.

La décision a été prise en haut lieu. Vendredi 10 septembre, Gérald-Brice Viret, directeur général des antennes du groupe Canal+, voyait dans la décision du CSA d’imposer le décompte du temps de parole d’Éric Zemmour un acte inédit, la création d’un « statut pré-candidat » à la présidentielle. Mais « pour l’instant », précisait-il, « il reste à l’antenne, il est éditorialiste de notre point de vue ». Pourtant, lundi, Éric Zemmour lui-même a considéré sa suspension inévitable : « Après mûre réflexion pendant le week-end, on a bien compris que c’était la seule solution raisonnable. » Le décompte imposait en effet de réduire les prises de parole politiques du polémiste et de les compenser par des personnalités de toutes tendances, ce qui risquait d’enlever à la chaîne sa coloration de « Fox News à la française », comme dit Arnaud Mercier, professeur à l’IFP (Paris 2-Assas).

Réouverture des écrans de pub

Faut-il y voir une censure ? Le CSA ne manque pas d’arguments : la loi de 1986 oblige au « respect de l'expression pluraliste des courants de pensée et d'opinion ». Et il y avait de nombreux signes de candidature : des affiches « Zemmour président », la rupture avec Albin Michel justifiée par le fait que qu’il avait « l’intention de s’engager dans la présidentielle et de faire de son prochain livre [finalement auto-édité] un élément clé de sa candidature », l’association « Les amis d’Éric Zemmour » agréée par la commission des comptes de campagne le 1er juillet, le recueil de parrainages…

Pour le remplacer, CNews cherche sa formule en direct entre Charlotte d’Ornellas, de Valeurs Actuelles, ou l’essayiste québécois Mathieu Bock-Côté. Zemmour réunissait entre 19h et 20h de plus de 650 000 téléspectateurs, soit 10 % de l’audience, selon Publicis Media. Le 8 septembre, jour de la décision du CSA, Face à l'info a même rassemblé 712 000 téléspectateurs et 852 000 le lendemain. Seule consolation pour CNews : elle va pouvoir rouvrir ses écrans de pub qui avaient été retirés à la suite de la campagne sur les réseaux sociaux du collectif Sleeping Giants contre les marques présentes dans les émissions d’un essayiste multi-condamné pour provocation à la haine. Mais en deux ans, l’âge moyen de la chaîne est passé de 56,2 à 61,4 ans et celui de la tranche 19h-20h de 57 à 64,3 ans.

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