Cinéma et TV
Le Collectif 50-50 a signé en mars un partenariat avec Netflix afin de favoriser le mentorat de jeunes plus volontiers discriminés. Une nouvelle étape après des conquêtes successives.

Le discours d’Agnès Jaoui, le 26 novembre, aux assises du Collectif 50-50 est resté dans les mémoires. La réalisatrice y raconte son destin de femme, depuis l’abus sexuel jusqu’aux inégalités assumées en faveur des hommes dans le 7e art, en passant par les stéréotypes de genre. Ces assises, les troisièmes depuis la création du collectif, sont devenues incontournables. Laurence Lascary, coprésidente du collectif, mesure le chemin parcouru depuis ce jour de 2018 où, en plein festival de Cannes et après l’affaire Weinstein, est né ce puissant mouvement égalitariste. « Le but du collectif est de faire en sorte que dans les lieux de pouvoir du cinéma, il y ait plus d’égalité, donc plus de femmes, plus de minorités, plus de personnes handicapées, bref que l’on soit plus inclusif, car l’absence d’inclusion est la cause de nombreux problèmes, y compris de violences sexuelles », résume-t-elle.

Transparence sur la sélection des films

En 2018, ce sont donc 82 femmes qui montent les marches à Cannes pour la signature d’une charte de la parité et de la diversité. L’idée de génie ? Rendre visible l’invisible en demandant au Festival de s’engager à la transparence sur la sélection des films. Cela fait ressortir la différence statistique entre les œuvres réalisées par des femmes et celles sélectionnées principalement par des hommes. Depuis, 180 festivals dans le monde ont signé la charte.

Le CNC est ensuite un appui précieux puisqu’il a imposé, dès la fin 2018, des bonus pour ses aides à condition de décrocher 5 points sur 10 dans un film : à chaque fonction féminine – cheffe opérateur ou productrice par exemple – un point, une réalisatrice comptant pour deux points. En 2018, 15 % des films sont éligibles à ce bonus. C’est 22 % en 2019 et 34 % en 2020. « Cela montre que la mesure a joué son rôle incitatif et que ce n’est pas si compliqué de trouver des femmes quand on s’en donne les moyens », observe Laurence Lascary.

Plateforme-annuaire

Le mouvement s’est étendu à l’audiovisuel. Une plateforme-annuaire (la « bible ») permet à chacun(e) de se référencer en fonction des critères de discrimination définis par le Défenseur des droits. Cela permet à des professionnel(le)s de s’auto-qualifier auprès de recruteurs en valorisant leur travail. C’est aux assises de 2019 que France Télévisions s’est engagé à mettre en place des quotas 2020 dans les fictions. Le groupe est alors passé de 12 % à 33 % de femmes réalisatrices, selon le Collectif 50-50. Et Delphine Ernotte, sa PDG a aussi promis de « favoriser l'inclusion sociale, et la diversité des origines sociales, culturelles ou géographiques ».

Via un livre blanc contre les violence sexistes et sexuelles, le collectif a aussi œuvré, avant tournage, à la nomination d’un référent contre le harcèlement et à la mise en place de réunion d’information. Son dernier fait d’armes ? Avoir convaincu Netflix de l’accompagner dans un programme de mentorat afin de faire comprendre à des 16-25 ans les ressorts de l’industrie de l’image. « Pour trouver son premier boulot, un intermittent aguerri va donner des conseils, dira d’appeler de temps en temps le directeur de prod… », conclut Laurence Lascary. Demain, les élus seront aussi des élues diverses.

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