Tribune
C'est le nouveau réseau dont tout le monde parle, basé sur la cooptation et les échanges vocaux autour de centres d'intérêt. Nul doute que demain, les marques aussi vont investir Clubhouse, dans un rapport direct et transparent avec les auditeurs-contributeurs.

Lancée en pleine épidémie de Covid, à l’heure de la distanciation sociale et des migraines ophtalmiques, Clubhouse est l’application que l’on n’attendait pas, mais qui insuffle un vent de fraicheur dans nos iPhones. Car si la communauté Clubhouse se multiplie aussi vite que le R zéro du variant britannique, l’application est basée pour le moment sur la cooptation, chaque nouveau venu bénéficiant d’une invitation pour deux, voire quatre personnes, et reste pour l’instant fermée aux utilisateurs d’Android.

Bienvenue dans le club définitivement le plus hype de ce début d’année. Comment ça marche ? Une fois entré dans le club, on peut visiter et passer d’une salle (room) à l’autre, y écouter les discussions en cours, s’éclipser sans bruit (leave quietly) ou demander la parole. Le modérateur nous fait alors littéralement «monter» sur la scène virtuelle (notre profil remonte en haut de l’écran) et on est libre de s’exprimer. On peut aussi facilement créer soi-même des rooms ou des clubs de discussion.

Clubhouse, c’est donc cette conversation téléphonique «à l’ancienne» et «à plusieurs», qui redonne au téléphone sa fonction première de communication par la voix - qu’on croyait désuète - sans avoir l’oeil rivé sur l’écran. Porté par l’élan vital de sa jeune existence, l’app véhicule l’enthousiasme de la nouveauté. Aujourd’hui, échanger avec des investisseurs de San Francisco, des influenceurs ou des speakers en vue semble aussi simple que de papoter avec un collègue de travail.

Réenchanter le networking

A l’heure où l’événement n’existe plus que dans sa version digitale, avec des salariés gavés de Zoom jusqu’à l’overdose, le potentiel de Clubhouse est franchement excitant. Tant que les rassemblements demeureront proscrits, que le virtuel restera la norme, là où aucun événement digital n’a jamais réussi à (re)produire les conditions de la rencontre, Clubhouse pourrait vraiment constituer la plateforme qui va réenchanter le networking, à distance.

Basé sur les centres d’intérêts et la constitution de communautés, Clubhouse remet de la spontanéité et de la fraîcheur dans les échanges. Et même pour ceux qui ne sont pas les plus à l’aise à l’oral, ne pas sentir les regards rivés sur soi permet aux plus introvertis de s’exprimer sans trop de pression. Autre aspect réjouissant pour l’industrie de l’événementiel, le 100% live : les conversations ne sont pas enregistrées, pas de replay possible. Soit on participe, soit on passe son tour. Quand on mise tout sur la voix, seul le contenu compte. Pas de texte, pas d’image, il faut parler juste.

Quand les marques auront investi la plateforme, les porte-paroles, les patrons ou autres ambassadeurs devront se jeter à l’eau. Il faudra prendre la parole, tout simplement, dans un rapport direct et transparent avec les auditeurs-contributeurs. Alors que le secteur de la culture se désespère de pouvoir rouvrir, on attend impatiemment que les artistes s’approprient ce nouvel espace, que les poètes y déclament leurs vers et que les musiciens y interprètent leurs derniers morceaux.

On se réjouit d’avance de l’arrivée des politiques et des partis, des meetings à venir et des débats en période d’élections. On attend de voir comment les journalistes et les citoyens vont s’en emparer, quelle influence leur voix exerceront sur le débat démocratique. On est impatient de voir les communautés émerger, les tendances se dessiner et de vérifier l’impact de ce nouveau porte-voix digital sur notre société.

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