Le deuxième confinement et le couvre-feu ont fait chuter l'écoute de la radio en novembre-décembre 2020, avec près de 2 millions d'auditeurs perdus en un an. Une chute qui s'explique par une mobilité moindre des Français, qui plébiscitent les stations publiques, dont France Inter et Franceinfo, au détriment des privées.
D'après les données de Médiamétrie publiées ce jeudi 14 janvier, le nombre d'auditeurs quotidiens de la radio, toutes stations confondues, a chuté à 40,4 millions entre le 2 novembre et le 27 décembre, soit environ 500 000 de moins qu'en septembre-octobre, et 1,9 million de moins que fin 2019.
Une dégringolade qui s'explique par le reconfinement imposé en novembre puis l'instauration en décembre d'un couvre-feu national. Des mesures anti-Covid-19 qui ont favorisé le recours massif au télétravail et donc réduit l'écoute de la radio, notamment en voiture, sur les horaires les plus stratégiques, en début et fin de journée.
Un service public au firmament
Dans ce contexte difficile, le service public et les radios généralistes dans l'ensemble tirent leur épingle du jeu, comme nous le souligne Dana Hastier, directrice des antennes et de la stratégie éditoriale : « Ces audiences sont dithyrambiques avec près de 16 millions d'auditeurs quotidiens dont 330 000 gagnés en un an, Radio France représente une offre puissante de proposition dans le pays. Nous nous félicitons du rajeunissement de cette audience, une tendance déjà amorcée sur France Inter avec 1,3 million d'auditeurs de moins de 35 ans. Franceinfo a gagné en un an 30% d'auditeurs de moins de 30 ans. Cette chaîne s'est modernisée en choisissant d'être moins répétitive. La matinale de Marc Fauvelle de
avec Salia Brakia notamment est un grand succès. »
Laurence Bloch, la directrice de France Inter, se félicite également de ses bons résultats. La station consolide sa place de radio la plus écoutée du pays avec 12,7% d'audience cumulée (−0,1 point sur un an) et un bond de 12,3% de PDA il y a un an à 14,7% aujourd'hui, soit 6,9 millions d'auditeurs. « C'est absolument exceptionnel. Cette part de marché m'enchante car jusque là le record absolu était détenu par RTL à 13,4%. Ces résultats montrent que depuis six ans non seulement on gagne des auditeurs mais qu'en plus ils restent et écoutent longtemps notre station. Car écouter France Inter, c'est un choix. Le choix d'un éclectisme et d'une singularité à l'image de la matinale animée par Nicolas Demorand et Léa Salamé [4,3 millions d'auditeurs, soit +17 000 auditeurs en un an], qui reflète notre politique éditoriale exigeante. Ils y reçoivent des invités de haut niveau, qu'ils soient artistes, professeurs au Collège de France, scientifiques, politiques ou chefs d'entreprise. Cette réussite se confirme tout au long de la journée puisque nous progressons de 5h à 21h en part d'audience. J'y vois deux raisons. La première, c'est que cette radio est en écho avec l'époque. Nous nous sommes appropriés dès leur émergence les questions contemporaines d'environnement, de parité, de genre, de violence faites aux femmes. Et d'autre part, nous n'avons jamais suivi la logique de flux des antennes généralistes mais une logique de gai savoir avec des programmes qui ont de la densité et de la consistance, de l'exigence. Ce sont à mon sens les deux clés du succès de France Inter. »
RTL Stable
RTL s'impose comme la première radio privée de France (−0,9 point à 11,2% en AC et 12,6 en PDA soit +0,5 pt). « C'est une année record pour RTL et stable par rapport à l'an passé. Notre groupe (RTL, RTL2, Fun Radio) affiche même une part d'audience record des radios privées avec 28,5%, nous confie Régis Ravanas, directeur général des activités audio du groupe M6. Notre matinale gagne en part d'audience (+4%) et toute la matinée progresse, y compris nos deux nouveautés : la tranche animée par Bruno Guillon et l'allongement de la tranche de Julien Courbet. Quant à Thomas Sotto, aux commandes du 18h-20h, après une précédente vague plus déliquate, il se redresse totalement et gagne même 5% par rapport à l'année dernière. En revanche, l'émission de Flavie Flament est à la peine, comme notre soirée. »
Franceinfo surperforme
Les musicales n'ont pas le cœur à la fête. Celles dédiées aux jeunes s'enfoncent encore plus (Virgin, Fun Radio...), quand celles au public plus adulte limitent la casse (RTL 2, RFM...).
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Les Indés Radios, groupement de 130 stations locales, régionales et thématiques, accusent aussi le coup (−1,9 point à 13,3% d'audience cumulée). France Culture confirme son succès (+0,2 à 3,2%). Autre antenne de Radio France, France Musique signe une belle percée (+0,1 point à 2,1%).