Radio
Selon une étude qui a analysé le contenu des Grosses Têtes pendant un mois, chaque émission contient, en moyenne, 19 propos discriminants, en particulier sexistes.

Sexisme, «LGBTIphobie», «grossophobie» et «séquences racistes» rythment Les Grosses Têtes, émission quotidienne emblématique de RTL, affirme l'association des journalistes lesbiennes, gay, bi, trans et intersexe (AJL) dans une étude publiée mardi 8 décembre, qui décompte précisément ces propos sur un mois.

Le bilan est «amer» pour l'AJL, qui indique avoir notamment relevé «159 propos sexistes, 66 déclarations homophobes et transphobes, 51 déclarations racistes, 29 déclarations grossophobes» après un mois d'écoute des Grosses Têtes, programme humoristique créé en 1977 par Philippe Bouvard.

«Chaque émission contient, en moyenne, 19 propos discriminants. Les déclarations sexistes tiennent le haut du pavé puisqu'elles sont présentes dans la totalité des émissions», détaille l'AJL dont l'étude a été réalisée entre le 21 septembre et 23 octobre 2020.

Les femmes «constamment ciblées»

L'émission, animée par Laurent Ruquier depuis 2014, regroupe une équipe de chroniqueurs et recrée, selon l'AJL, «le schéma d'un harcèlement de cour de récréation (...) où insultes et discriminations sont constamment encouragées envers des boucs émissaires désignés. Le tout sous prétexte d'humour».

Sollicité par l'AFP, RTL a indiqué que Laurent Ruquier ne souhaitait pas s'exprimer sur le sujet, le groupe précisant avoir «confiance dans le jugement de [ses] auditeurs».

Selon l'association des journalistes LGBTI, «la présentation des chroniqueur·se·s, dès les premières secondes de l'émission, donne le la des propos sexistes, racistes, homophobes" au travers d'une "galerie de portraits stéréotypés»«''Ménagère'', ''putain'', ''trop grosse'' ou ''trop moche'', ''stupides'': les femmes y sont constamment ciblées en raison de leur genre», égrène l'AJL.

L'association dénonce également la présence de propos «grossophobes» touchant «aussi bien les hommes que les femmes», ceux banalisant «les viols, les crimes, les violences sexuelles et la pédocriminalité» dans «près d'une émission sur deux».

Elle indique enfin relever dans environ 80% des émissions des propos «LGBTIphobes», en dépit de la présence de trois chroniqueurs «ouvertement gays», et des remarques racistes, «majoritairement sur les Roms, les Roumains et les personnes asiatiques» ou encore sur les «noms étrangers, à consonance africaine notamment».

Le CSA va examiner l'étude

«Les Grosses Têtes ne peuvent s'exonérer de leur responsabilité médiatique dans la propagation des discours haineux» au vu de son audience, estimée à «plus de deux millions d'auditeurs». «La justification de la ''bonne bande de copains'' ne peut pas tenir», tance l'AJL.

Le CSA va «regarder de près cette étude» - qu'il s'est «procurée» sans avoir été saisi - dans «les prochains jours», a indiqué mardi 8 décembre son président, Roch-Olivier Maistre, lors d'une audition par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale.

La lutte contre les discriminations sur les ondes et les antennes «est un thème important pour nous» a souligné Roch-Olivier Maistre, rappelant la lourde «sanction» infligée à C8 et à son propriétaire, le groupe Canal+, après un canular jugé homophobe dans l'émission Touche pas à mon poste, il y a trois ans. Cette amende, de 3 millions d'euros, a été «confirmée» fin septembre par le Conseil d'Etat, a rappelé le président du CSA, qui répondait à une question du député LFI Michel Larive.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :