Interview
Ancien rugbyman professionnel, Julien Pierre a créé le label Fair Play For Planet en novembre 2020 pour accompagner les clubs et les événements sportifs dans leur transition écologique.

En 2018, après 17 ans sur le terrain, Julien Pierre a mis un terme à sa carrière de rugbyman pour se consacrer à la création d'un label qui ambitionne de devenir la référence en termes d'éco-exemplarité dans le secteur du sport. 

Quand avez-vous lancé ce label ?

Julien Pierre. Le label a été lancé le 12 novembre 2020 mais cela fait deux ans et demi que je mûris ce projet. En 2018, j'ai repris des études supérieures. À l’époque tout le monde me disait que la création d’un label pour le sport était une excellente idée alors j’ai rapidement commencé à m’entourer de professionnels pour construire le projet.

D’autres labels existent dans le sport. En quoi Fair Play For Planet est-il différent ?

Il y a des chartes et des normes internationales mais très peu de labels sur l’engagement environnemental des clubs. Nous cherchons des actions concrètes à mettre en place. De plus, les clubs et événements sportifs étant très regardés, le label est un bon outil pour structurer et prouver leurs engagements.

Ce sont les événements sportifs qui viennent vous voir ou allez-vous les chercher vous-même ?

Nous sommes un peu dans les deux cas car pour se lancer il faut d'abord se faire connaître. Nous avons besoin de communiquer.

Comment fonctionnez- vous ? 

Lorsque nous travaillons avec un club sportif nous envoyons le référentiel que l’Ademe, l’agence de la transition écologique, nous a aidé à mettre au point. Ce référentiel comporte plus de 200 questions sur 18 thèmes différents. Il prend en compte les actions du club au jour le jour. Nous envoyons ensuite un expert sur place pour vérifier l’exactitude des réponses et comprendre l’écosystème du club ou de l'événement. Ensuite, nous faisons un rapport avec une notation, un niveau de label et des axes d’amélioration. En clair, nous allons fixer des objectifs à atteindre pour les clubs. C’est un accompagnement sur le long terme.

Concrètement, que notez-vous ? 

Nous regardons les transports, la consommation énergétique des bâtiments, le numérique... Sur la question de l'alimentation, nous faisons attention à ce que le club ou l'événement ne travaille qu’avec des producteurs locaux et des produits de saison, en privilégiant le bio. Pour ce qui concerne la gestion des déchets, nous sommes vigilants à leur réduction et au respect du tri, avec des mesures pour éviter l’utilisation de plastique à usage unique. Il ne faut pas oublier qu’il y aussi la sensibilisation des supporters et des collaborateurs qui entre en jeu.

Un label fonctionne-t-il comme une entreprise ?

Oui, en effet. Le but est que notre société soit reconnue. C’est un processus assez long qui demande beaucoup de travail. Nous aimerions avoir une dimension européenne et internationale mais avec la période [du Covid-19 ndlr.] c’est compliqué. Pour l'instant, nous sommes en discussion avec deux clubs étrangers. 

Vous aviez déjà créé une fondation par le passé. L'engagement semble une notion importante pour vous.

J’ai grandi dans un parc animalier que mon grand-père avait créé et que mes parents géraient. Ma famille est très engagée dans la protection de l’environnement. Après plusieurs voyages qui m’ont alerté sur la perte de biodiversité, j’ai créé en 2012 la fondation La passerelle conservation, dont je suis toujours président, qui a pour vocation de protéger les espèces menacées. J’ai cette sensibilité pour l’environnement depuis très longtemps.

Finalement ce label est le point culminant de votre carrière militante.

Je ne sais pas si on peut parler de militantisme. En revanche il est vrai que c'est un engagement sincère de ma part et je suis persuadé que les valeurs universelles du sport peuvent accélérer la transition écologique par des actions concrètes. Ce qui est difficile pour un club de sport c’est de gagner le prochain match, de boucler le budget et de recruter. La question de l’écoresponsabilité arrive après tout ça. Un label permet donc de sécuriser des engagements écologiques.

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