Télévision
Blague de mauvais goût, expérience humaine étrange, sensationnalisme… C’est à tout cela à la fois que les candidats à l’émission allemande de télé réalité Big Brother ont été confrontés.

Ah ! On vous ne l’avait pas dit ? Des larmes et des visages pétrifiés: la version allemande de l'émission de téléréalité Big Brother (dont Loft Story était une adaptation française) a révélé mardi 17 mars au soir, en direct à ses candidats, l'ampleur de l'épidémie de coronavirus en cours, après les avoir volontairement maintenus dans l'ignorance pendant plusieurs semaines.

La chaîne privée allemande Sat.1 a cédé à la pression des téléspectateurs et internautes qui protestaient de plus en plus vivement contre son entêtement à garder les quatorze candidats de l'émission dans le noir le plus complet.

Dès les premières minutes d'antenne, l'animateur de l'émission, Jochen Schropp, assis aux côtés d'un médecin derrière un écran en verre afin de ne pas prendre le risque de contaminer les candidats, leur a expliqué que l'Allemagne, leurs proches et le monde entier étaient désormais confrontés à une pandémie sans précédent dans l'histoire récente. Michelle, une aide-soignante, a fondu en larmes devant les caméras, expliquant être inquiète pour sa mère de 55 ans qui soufre d'une maladie des poumons.

«Pat, je peux voir de la peur dans votre regard»

À un autre candidat au visage pétrifié, l'animateur dit: «Pat, je peux voir de la peur dans votre regard». «Mon Dieu», s'exclament plusieurs des candidats, la plupart restant figés et silencieux à l'annonce des détails de l'épidémie planétaire.

La plupart d'entre eux sont isolés depuis début février, dans le cadre de cette émission de téléréalité, sans lien avec le monde extérieur. Quatre ont rejoint le groupe au début du mois, mais avec la consigne stricte de ne rien dire de l'évolution du virus pour respecter les règles de l'émission.

Après avoir visionné des reportages sur le coronavirus et sa propagation, les candidats ont pu voir des messages rassurants de leurs proches, accueillis par des cris et des larmes de joie. «Là où vous êtes, c'est sûrement le lieu le plus sûr en ce moment», plaisante une femme, à l'adresse de Pat.

Un autre demande aux candidats de ramener du papier toilette au terme de l'émission, un produit qui commence à se faire rare dans les rayons des supermarchés allemands. L'Allemagne est l'un des principaux foyers du coronavirus en Europe, avec plus de 8 000 cas. Comme dans de nombreux pays, la vie tourne au ralenti, les écoles sont fermées et toute la population est invitée à rester chez elle.

«Quelle expérience humaine cruelle»

Les candidats, tous d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années, sont eux cloîtrés dans des maisons de verre ou des sortes de cabines dans les locaux préparés par la chaîne, observés par des caméras qui suivent leurs moindres faits et gestes. Tout se déroule à Cologne (ouest), une région qui est l'épicentre national de la propagation du virus. Douze personnes y sont mortes à ce jour.

La chaîne Sat.1 s'est attirée de nombreuses critiques pour avoir maintenu coûte que coûte son concept, interdisant tout contact avec l'extérieur malgré la pandémie au nom des règles fixées depuis le début. Seule exception tolérée: si un proche décède ou est blessé. «Quelle expérience humaine cruelle», dit un commentaire sur la page Facebook de l'émission. «J'ai de la peine pour eux», dit un autre au sujet du groupe de 14 personnes.

Lors de cette émission, le public écarte par vote les uns après les autres les différents candidats jusqu'au dernier, qui gagne un prix en monnaies sonnantes et trébuchantes. Sat.1 n'a fait au final pour le virus qu'une entorse à l'émission, en l'interrompant pour informer le groupe.

Mais elle va désormais continuer et être menée à son terme de trois mois. Le 11 septembre 2001, la version américaine de l'émission avait également sorti les candidats de leur isolement pour les informer des attentats à New York et Washington.

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