Ne cherchez pas de décoration particulière, Pierre-Marie Christin personnalise peu les bureaux qu'il occupe. Le nouveau patron de France Info, qui a succédé au début de l'été à Philippe Chaffanjon, parti à la tête du réseau France Bleu, ne mêle pas vie professionnelle et sphère privée. Celui qui a passé trente-cinq ans dans les radios privées, dont presque trente à RTL, sait aussi que sa mission peut s'arrêter à tout moment, même dans le service public.
«Dans ma tête, je suis sur un siège éjectable, je ne viens pas pantoufler. Personne n'est propriétaire de son fauteuil, encore moins lorsque celui-ci appartient à la collectivité», souligne-t-il. A cinquante-neuf ans, Pierre-Marie Christin n'a pas hésité une seconde lorsque Jean-Luc Hees, le patron de Radio France, lui a proposé ce poste. «Si je n'avais pas été un mordu d'info, je ne serais pas venu ici. A mon âge, on ne fait pas ce choix par hasard. France Info, c'est presqu'un aboutissement, un rêve, c'était évident», assure-t-il.
Il arrive aujourd'hui aux commandes d'une station exigeante, qui nécessite de trouver la juste distance entre l'immédiateté qu'impose une radio d'information en continu et le recul nécessaire à son directeur. Philippe Chaffanjon en a fait les frais, lui qui dans les faits était resté un directeur de la rédaction bis en plus de ses fonctions de patron de la station. «Il faut avoir cette capacité à être dans la réactivité tout en voyant l'image entière. Oui le rythme est dur, mais pas tant que cela car la machine est très bien articulée», s'enthousiasme un Pierre-Marie Christin, qui se défend de toute démagogie.
La vérification des faits
«Pierre-Marie Christin est une magnifique machine intellectuelle. C'était un des journalistes les plus cultivés, les plus brillants à l'antenne», se souvient le directeur de la rédaction de BFM TV, Hervé Beroud, qui a travaillé avec lui à RTL pendant vingt ans. D'autres gardent en lui l'image d'un «perpétuel insatisfait», d'un «pessimiste de nature», notamment lorsqu'il a eu à relancer la machine RTL après le départ de Philippe Bouvard au début des années 2000. Une période que Pierre-Marie Christin qualifie aujourd'hui de «dure et passionnante à la fois. J'ai appris à ce moment-là le sens des responsabilités et la nécessaire adhésion à créer autour de projets communs pour relancer la machine.»
Sa mission à France Info est de développer encore l'audience d'une station qui se porte bien malgré l'accélération du temps médiatique et l'omniprésence de l'information. Avec une audience cumulée de 9% au deuxième trimestre 2012 (stable sur un an), soit 4,7 millions d'auditeurs, France Info confirme sa position de quatrième radio de France, devant Europe 1. Selon le dernier baromètre Ifop sur l'image des médias, c'est également la station de radio préférée des Français.
«Aujourd'hui, l'information vient de partout, les gens peuvent même la fabriquer. Mais nous n'avons jamais eu autant besoin de journalistes pour offrir un lien de confiance, de référence, de validation de l'information», explique le patron, titulaire d'un DEA de droit public. D'où l'introduction sur la grille de rentrée d'une chronique quotidienne de «fact-checking» (la vérification des faits). Autre axe de développement: le réel, l'humain. «Une des forces de France Info est sa capacité à créer du lien. Ce n'est pas une radio de polémique ou d'opinion», conclut-il. Un message qui sera entendu dans les débats d'éditorialistes?
Dates clés
1953. Naissance le 3 juillet, à Paris.
1977. Entre à RTL comme reporter.
2001. Directeur de la rédaction de RTL.
2006. Directeur adjoint de la rédaction de France Culture.
2009. Directeur délégué d'Europe 1.
2012. Directeur de France Info.
