24,99 euros par mois pour 30 quotidiens et 4 magazines, à choisir parmi 11 titres et bientôt 18: le groupement d'intérêt économique (GIE) E-Presse Premium, qui regroupe les principaux éditeurs de presse d'information, passe à la vitesse supérieure. Neuf mois après le lancement de son kiosque numérique, E-Presse, qui ne proposait jusque-là que l'achat au numéro, il s'ouvre aujourd'hui aux forfaits multititres.
Outre le pack d'abonnement mensuel, l'utilisateur peut choisir trois quotidiens et un magazine pour 2,99 euros, à télécharger dans la journée, ou sept quotidiens et un magazine pour 5,99 euros la semaine, qu'il peut consulter sur l'ensemble des terminaux qu'il souhaite, que ce soit depuis une tablette, un smartphone ou un ordinateur.
Depuis le lancement d'E-Presse en juillet 2011, environ 50 000 exemplaires y ont été achetés. Une réussite en demi-teinte que les éditeurs espèrent amplifier dans les mois qui viennent avec l'élargissement de l'offre à de nouveaux titres (L'Humanité, La Dépêche du Midi, Le Temps, Le Figaro Magazine, L'Equipe Magazine, France Football et Midi Olympique) et le lancement de packs thématiques, sur le sport par exemple.
«C'est la première offre réellement tous écrans», affirme Philippe Jannet, le directeur général du GIE, qui refuse toujours d'intégrer le kiosque d'Apple, News Stand, avec ses 30% de commission et sa mainmise sur les données clients.
Vers des téléchargements illimités?
La concurrence est rude et pourrait encore s'intensifier. En plus d'E-Presse, deux principaux acteurs s'affrontent sur ce marché: Relay.com et Lekiosque.fr. Le premier, propriété du groupe Lagardère - dont les titres ne sont pas disponibles sur E-Presse - a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros, en hausse de 56% sur un an. Pour 19,99 euros par mois, Relay.com propose aux internautes de télécharger autant de magazines qu'ils le souhaitent parmi plus de 400 titres, dans la limite de 2,5 Go par mois. Une formule «illimitée» qui compte aujourd'hui 8 000 abonnés. Au total, le kiosque revendique 25 000 clients par mois, dont 10 000 abonnés au forfait «First», qui comprend 10 magazines pour 9,90 euros mensuels.
«Le numérique est un défi à la fois technologique et marketing. Sur la musique et la vidéo, se sont développées les offres illimitées. Il fallait amener la presse sur ce terrain», estime Aymeric Bauguin, codirecteur général de HDS Digital (Relay.com).
Cette formule dite illimitée a aussi été adoptée par le Lekiosque.fr en 2008, avant que celui-ci ne fasse machine arrière un an plus tard, faute de recettes suffisantes pour les éditeurs. «C'était décevant pour les consommateurs, puisque ce n'était pas du vrai illimité, mais aussi pour les éditeurs, faute de modèle économique», souligne Ari Assuied, cofondateur du kiosque.
D'où un recentrage sur une offre à 9,90 euros pour dix magazines, qui totalise aujourd'hui 20 000 abonnés. Lekiosque.fr a réalisé l'an dernier 1,4 million d'euros de recettes, contre moins de 300 000 euros en 2010.
La révolution de la lecture numérique n'en est qu'à ses débuts. La France compte 1,7 million de tablettes, selon Médiamétrie; un parc qui devrait croître encore avec l'arrivée d'appareils moins onéreux, comme le Kindle Fire d'Amazon.
Encadré
L'illimité aux Etats-Unis aussi
Aux Etats-Unis, c'est sur la voie de l'illimité que viennent de se lancer les cinq géants de la presse magazine, Condé Nast, Hearst, Meredith, News Corp. et Time Inc., réunis dans le consortium Next Issue. Pour 9,99 ou 14,99 dollars par mois, l'internaute peut lire autant de magazines au format numérique qu'il le désire parmi une sélection de titres.
