Dès sa naissance, en 1903, Historia avait consacré trois pages à cette sulfureuse famille: la légende infernale des Borgia, entre accusations d'inceste, d'infanticide, d'empoisonnement, de complots incessants – même si tout n'est pas aussi scandaleux que la légende aime à le faire accroire – captivait déjà les lecteurs. Cent huit ans après, le mensuel édité par Sophia Publications, qui a lancé en octobre 2011 une nouvelle formule, a choisi, pour sa couverture, de remettre à l'honneur la famille aux deux papes, à l'occasion d'un hors-série. Les illustrations? Des images de Borgia, la superproduction à succès visible sur Canal+ (1,634 million d'abonnés pour les deux premiers épisodes, avec une part d'audience abonnés de 26, 7%). Une opportunité de faire bondir les ventes? «Les Borgia sont un sujet assez traditionnel pour les passionnés d'histoire», nuance Philippe Clerget, directeur de la publication.
Il n'empêche: avec Rome (HBO, Arte en France), Les Tudors (Showtime, Arte en France), Spartacus (Starz, W9 en France), Camelot (Starz, Canal+ en France depuis début janvier), la télévision se reprend de passion pour l'histoire. Dans le même temps, la presse du secteur a battu des records… historiques depuis le début 2011: +18,5%, selon Presstalis, avec pour figures de proue des titres comme Historia (DFP 2010-2011: 73 068 exemplaires) et L'Histoire (54 404 ex.). Les fictions TV profitent-elles à la presse historique? «Je ne suis pas persuadée que le lectorat d'Historia soit fan des Borgia de Canal+, souligne Sophie Renaud, directrice de l'expertise presse chez Carat. On ne se retrouve pas dans le même univers de consommation médias.» Selon l'experte, «55 % du lectorat d'Historia a plus de cinquante ans».
Des Français friands
«Déjà, en 2003, nous avions réalisé d'excellents scores avec une couverture sur Les Rois maudits, dont la série, réalisée par Josée Dayan, était diffusée sur TF1», reconnaît Philippe Clerget. De manière générale, les Français, connus pour être friands d'ouvrages historiques, s'intéressent peu ou prou à toutes les périodes historiques, alors que, dans les années 1990, les sujets sur l'antiquité ou les pharaons égyptiens fonctionnaient plutôt mieux que le reste. Le succès de documentaires, comme Apocalypse, dont Historia a accompagné la diffusion avec une couverture remarquée sur Hitler, assure également de bonnes ventes en kiosques. Lesquels devraient voir les unes sur Titanic fleurir au printemps: la version 3D du film de James Cameron sortira en avril à l'occasion du centenaire du naufrage.
