Audiovisuel
Des émissions radio et télé commencent à intégrer Twitter et Facebook comme canaux d’expression pour le grand public.

Depuis le début de la saison, avec Des clics et des claques (DCDC), quatre soirs par semaine à 20 heures, Europe 1 expérimente une émission qui va plus loin que les habituelles chroniques techno et autres «buzz du Net», en se penchant sur des sujets d'actu vus par les médias sociaux. Aux manettes, David Abiker, Guy Birenbaum, chroniqueurs sur Europe 1, bien connus de «Twitterland», et Laurent Guimier, directeur des sites d'info de Lagardère, auxquels s'ajoutent les journalistes Agnès Léglise et Lise Pressac. Au menu la semaine dernière: la panne Blackberry, la primaire socialiste, la prise d'otages dans une agence Pôle Emploi racontée en live par Rue 89...

 

Lise Pressac fait office de community manager radio en présélectionnant des tweets et des invités. Car Twitter est aussi «un outil pour "caster" nos invités, pour sortir des personnalités habituelles. On donne la parole aux anonymes», explique David Abiker. «Un rendez-vous radio sur les nouveaux usages numériques, et qui tente de s'y adapter dans son écriture», salue Jérôme Bouvier, médiateur de Radio France.

 

DCDC n'est pas la seule à défricher ce format. En radio toujours, Frédéric Martel intègre Twitter depuis septembre 2010 dans son émission, Soft power (Masse critique la saison précédente, France Culture). «On reçoit par Twitter des précisions, voire des corrections en direct, parfois envoyées par des personnes concernées par l'émission», précise l'animateur et producteur.

 

Côté télé, pour sa nouvelle émission mensuelleLe Grand Webze, lancée le 28 octobre, France 5 utilise carrément les réseaux sociaux pour dénicher de nouveaux talents sur Internet, en musique, design, inventions.... Découverts avec la collaboration des internautes, «crowdsourcing» oblige.

 

D'autres émissions plus généralistes avancent aussi leurs pions. Depuis septembre, l'émission hebdomadaire Radio France politique intègre des questions posées par des auditeurs via Facebook et Twitter. A C'est dans l'air (France 5), les tweets s'ajoutent depuis septembre aux SMS et formulaires web, outils d'interaction avec le téléspectateur qui existent depuis 2002. «Des questions d'auditeurs, tous canaux confondus, sont reprises à chaque sortie de reportage et en fin d'émission», précise Aurélie Decré-Hamelin, directeur général de French TV Interactive, qui gère le volet interactif pour les émissions de France 5. D'autres, telles Le magazine de la santé et Revu et corrigé, pourraient bientôt adopter le canal Twitter.

 

Un nouvel outil d'interaction donc, et un relais marketing. «Les tweets laissent des traces après-coup : ils sont repris, ou incitent les gens à écouter l'émission en podcast », poursuit Frédéric Martel. Un «hashtag» (mot-clé) spécial fédère les auditeurs. «Cela permet de fidéliser son auditoire, et de créer un lien hors de l'émission», salue Bertrand Villegas, directeur du cabinet The Wit.

 

Malgré tout, il y a des risques, comme la reprise de rumeurs: «Cela reste notre boulot de journalistes de les vérifier», rappelle Guy Birenbaum. Autre risque, que ce «bruit» permanent brouille la ligne éditoriale de l'émission en ne s'adressant par exemple qu'à la Twittosphère. «Cela risque de ne donner que l'illusion du participatif. Après tout, quelqu'un de l'émission filtre les tweets cités», souligne Bertrand Villegas.

 

Assurément, ces précurseurs expérimentent de nouvelles pratiques participatives, qui devraient être dopées par la télé connectée. Bientôt le vote par Twitter à des émissions de télé-réalité... ou politiques ?

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