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Suite à la nomination au CSA de Patrice Gélinet, présentateur de 2 000 ans d’Histoire, la direction de la radio vient de confier sa case de la mi-journée à Jean Lebrun pour La Marche de l'Histoire.

«Vous n'entendrez plus cette musique de Vangelis…» C'est par ce commentaire ému, à propos d'un générique devenu culte, que Patrice Gélinet a entamé la présentation de sa dernière émission, le 25 février. Absent de l'antenne depuis sa nomination au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), un mois auparavant, il tenait à être au micro ce jour-là «pour dire au revoir». Devenu la voix de l'Histoire sur France Inter, l'ancien prof avait créé cette émission en septembre 1999. Un concept tout simple: revisiter un événement historique ou présenter un acteur à travers l'ouvrage d'un historien, complété par divers documents.

Sur un générique emprunté cette fois à Vivaldi, c'est une nouvelle émission, La Marche de l'Histoire, qui a pris la relève le 28 février, toujours au même horaire (du lundi au vendredi de 13h30 à 14h). Lors de la première, consacrée au paquebot France, le présentateur Jean Lebrun a voulu rassurer les auditeurs: «Le titre de l'émission change – ne l'oubliez pas si vous souhaitez continuer à nous télécharger – mais le cap, lui, ne change pas.» Venu de France Culture, où il était conseiller aux programmes après avoir produit et animé diverses émissions (dont Pot-au-feu et Travaux publics), il affirme vouloir conserver «le côté petite encyclopédie portative» de 2 000 ans d'Histoire, tout en apportant «de l'inattendu, de l'altérité» à travers des témoignages, des archives renouvelées ainsi que «des historiens de milieux divers, du sang neuf en plus des invités habituels.» Avec une équipe inchangée autour de lui, la différence se ressentira sans doute davantage dans le ton: «J'ai toujours bien aimé la radio qui ne se prend pas au sérieux. Je vais essayer de mettre cette petite touche-là.»

«Évidence partagée»

En sélectionnant un homme de 60 ans de la même génération que Patrice Gélinet (bientôt 65 ans) «la direction d'Inter a choisi la continuité», affirme Jean Lebrun, lui aussi ancien prof d'histoire. Il reconnaît pourtant que les candidatures proposées par son prédécesseur, la journaliste d'Inter Patricia Martin ainsi que la productrice de France Culture Aurélie Luneau, «auraient permis de sauter une génération, de changer de point de vue». D'ailleurs il a «envoyé des mots à certains candidats pour [s]'excuser». L'historien Fabrice d'Almeida était également sur les rangs.

Pour Patrice Gélinet, qui a «appris la nomination de Lebrun par la presse», la pilule semble un peu dure à avaler: «À la place de la direction, j'aurais peut-être consulté davantage le prédécesseur, d'autant que j'avais proposé mes services pour participer à la réflexion. Elle ne l'a pas souhaité. Je trouve ça un peu triste.» L'homme quitte à regret son fauteuil, malgré son enthousiasme envers sa mission au CSA, où il présidera le groupe de travail consacré à la radio. «Comme le dit Tchang dans un album de Tintin, je pleure et je ris en même temps.»

À demi-mots, il avoue une certaine réticence à l'idée que 2000 ans d'Histoire ait pu continuer après son départ: «Ça me gênait un peu de voir repris le même nom, ça aurait pu passer pour du plagiat.» Jean Lebrun, de son côté, affirme qu'il s'agissait d'une «question d'élégance, une évidence partagée avec la direction». Pourtant, France Inter se passe ainsi d'une «marque» reconnue et plébiscitée par les auditeurs. En effet, avec 1,38 million de téléchargements en décembre (soit près du tiers du total de la station), l'émission était la plus podcastée de France, ainsi que la plus écoutée de sa tranche horaire. Patrice Gélinet souhaite la même réussite à son successeur, tout en ayant «conscience de pénaliser Radio France en partant». Mais, touché par les messages de sympathie des auditeurs, il leur réserve ses regrets: «C'est eux que j'ai l'impression de trahir.»

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