La tablette est dure à avaler. Apple a informé les éditeurs européens des nouvelles conditions de commercialisation des contenus. «Nous avons reçu un courriel nous indiquant qu'Apple refusait l'accès à l'application gratuite du Monde sur Ipad via l'App Store», indique, furieux, Philippe Jannet, PDG du Monde interactif. Malgré de multiples relances, «on ne nous a donné aucune explication officielle», confie-t-il. Depuis son lancement en décembre, l'application gratuite du Monde.fr n'a jamais été rendue accessible au téléchargement.
Non seulement Apple a décidé de mettre un coup d'arrêt aux offres gratuites sur Ipad, mais la firme prélève systématiquement 30% du prix par téléchargement, interdisant de fait la vente des abonnements via les canaux des journaux (en souscrivant par exemple à une offre papier + site + Iphone + Ipad). «C'est comme si on payait le constructeur automobile à chaque fois qu'on prend de l'essence!», proteste Philippe Jannet qui se dit à la fois «inquiet» et «embarrassé» par le mutisme des représentants d'Apple. De son côté, le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) envisage de saisir l'Autorité de la concurrence pour «abus de position dominante».
Arrivée prochaine de concurrents
En guise de réponse, la firme californienne a fixé une date butoir aux éditeurs pour se mettre en conformité avec ses péages numériques. D'ici au 30 juin 2011, Les Échos (qui admet lui aussi «rencontrer des problèmes»), Libération, L'Équipe et d'autres publications européennes tenteront de trouver une solution commune face à l'ogre des contenus.
«Sur le long terme, je vois des appareils bien meilleurs que l'Ipad», a averti Robert Sauerberg, président de Condé Nast, évoquant les tablettes fonctionnant sous Android (Google). Après une période de tentation, la presse n'est plus certaine de vouloir croquer la pomme.