La chaîne a obtenu le label diversité Afnor en décembre dernier. Ce qui lui donne une longueur d’avance sur ses concurrentes et un argument de communication.

Coup double. Le 15 décembre 2010, TF1 obtenait le label diversité de l'Afnor et la chaîne annonçait un record d'audience pour le JT de 20 heures d'Harry Roselmack de la veille, regardé par 8,4 millions de téléspectateurs. Certes, la neige était aussi responsable de ce score, mais, tout de même, le symbole était fort. Signe, comme le dit Rachid Arhab, président de la commission diversité du Conseil supérieur de l'audiovisuel, que «la diversité n'est pas seulement un gadget interne, mais peut aussi être un gage de succès vis-à-vis de l'extérieur». Dans l'entreprise, c'est devenu presque une antienne: «Si TF1 veut être la chaîne de tous les Français, elle doit l'être à l'antenne et dans ses murs», scande Frédéric Ivernel, directeur de la communication du groupe, venu des ressources humaines.

La chaîne avait commencé l'année 2010 en signant la charte de la diversité, elle l'a terminée en obtenant le label Afnor. Elle s'est engagée sur quatre axes: l'égalité professionnelle hommes-femmes, la diversité ethnique et culturelle, la gestion des seniors et le handicap. En réalité, pour TF1, ce chantier avait démarré depuis plusieurs années. «C'est l'aboutissement d'un processus assez long, au cours duquel nous avons, par exemple, envoyé 1 000 managers ou collaborateurs en stages – dîners dans le noir pour mieux comprendre la cécité, formation à l'accueil de personnes handicapées, etc. – pour les sensibiliser à la différence et au handicap», détaille Frédéric Ivernel.

Idem pour promouvoir des femmes à des postes de direction dans le groupe. Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, mais les résultats sont là, selon Nonce Paolini, président de TF1, qui en dressait récemment un bilan pour l'AFP: «Beaucoup de femmes ont des responsabilités importantes à TF1, comme Catherine Nayl, patronne du pôle information, ou Martine Hollinger, présidente de la régie publicitaire.»

Une première pour un groupe média

Autre motif de satisfaction pour le groupe audiovisuel: il est le premier groupe média à décrocher le label Afnor. «Le processus sera certainement plus long pour France Télévisions, glisse un spécialiste du sujet, car ils ont vraiment du retard en matière de diversité.» (cf. «France Télévisions, la face cachée de la diversité», Stratégies du 6 mai 2010). Car le label délivré par l'Afnor est un véritable certificat de bonne conduite. Il faut du temps pour l'obtenir, au moins une année. Et avoir donné des gages tangibles de bonne volonté: «C'est une enquête assez poussée dans l'entreprise, confirme Rachid Arhab, du CSA. En plus, le titre est remis en jeu régulièrement. Du coup, la société ne peut pas s'endormir sur ses lauriers.»

Jean-Christophe Meunier, secrétaire général du syndicat CGT de TF1, en conflit avec la chaîne sur la question du stress au travail (lire l'encadré), se dit en revanche extrêmement sceptique: «L'obtention du label, c'est juste une opération de communication qui ne se retrouve pas dans les actes.» Une chose est sûre: TF1 compte bien sur ce label pour améliorer son image.

 

 

 

Dans le collimateur de l'inspection du travail

Tout n'est pas rose à TF1. Le 10 décembre 2010, l'inspection du travail a adressé au président de la chaîne un courrier l'informant qu'elle avait transmise au procureur un signalement «relatif au délit de mise en danger de la vie d'autrui» et «qu'[elle] relevait également les délits de discrimination syndicale et d'entrave au fonctionnement régulier du comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)». En cause, des manœuvres de «déstabilisation et de harcèlement» à l'encontre de Jean-Christophe Meunier, chef de car à la vidéo mobile et secrétaire général CGT de TF1, mais pas seulement. L'inspecteur du travail pointe les risques psychosociaux en reprenant des chiffres issus de l'Observatoire du stress 2008-2009: «Dix-neuf pour cent des salariés du groupe présenteraient une souffrance significative liée au stress, 13% souffriraient de troubles anxieux graves et 3,4% d'entre eux de dépression quasi avérée.»

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