Véritables kiosques individuels, iPad et autres tablettes devraient fleurir cette année au pied du sapin. Depuis le lancement de la tablette d'Apple en mars dernier, les magazines et journaux sont à la recherche d'un nouveau modèle économique. Les titre de presse ont-ils réussi leur opération séduction sur ces nouveaux supports ?
Prudents avec ce nouvel agrégateur d'audience, les titres de presse français ont pour la plupart choisi la transposition fidèle de leur version papier sur l'iPad, à laquelle on ajoute des contenus multimédias, comme Libération et L'Equipe.
C'est aussi le choix du Journal du dimanche (Lagardère Active) qui lancera «au plus tard le 31 décembre», une application copier-coller du journal, indique Laurent Guimier, le directeur général adjoint de Newsweb.
Mais les efforts du groupe Lagardère sur l'iPad devraient se concentrer sur Paris Match, premier titre français à avoir lancé son application, et sur lequel l'ergonomie des vidéos et des photos est prioritaire.
Autres options fréquentes : les fils d'infos en continu, les alertes et les bonus vidéos comme à L'Express, 20 Minutes et Le Nouvel Observateur. A France-Soir et La Tribune, l'éditeur laisse à l'utilisateur le choix entre la version PDF et le format iPad.
Les Echos vont encore plus loin sur l'offre en continue. Le quotidien propose cinq éditions numériques de son journal, réactualisées à heure fixe, pendant la journée. Le Figaro s'est, lui, lancé dans une version iPad pure, quitte à être jugé trop rigide par les utilisateurs.
Si les journaux et magazines français se montrent encore timides en matière d'innovation numérique, la raison est «logique», selon Xavier Debbasch, cofondateur et directeur général de l'agence conseil Airweb, concepteur en service mobiles.
«Avec 400 000 à 500 000 propriétaires d'iPad en France, le marché des tablettes est encore naissant. Les patrons de presse ont peur de communiquer des chiffres qui sont nécessairement faibles», ajoute t-il.
Le 9 décembre, Franz-Olivier Giesbert, le PDG du Point, indiquait néanmoins que sa nouvelle application iPad, lancée le 25 novembre, avait été téléchargée 20 000 fois.
Le coût des lancements est mieux connu : «Entre 8 000 à 10 000 euros pour une adaptation type PDF, contre 35 000 à 80 000 euros pour une version enrichie en vidéos», indique Xavier Debbasch.
Depuis son lancement, l'application du Point a enregistré 40 000 téléchargements en bénéficiant de la gratuité du premier mois. «La prochaine étape sera l'aboutissement de notre réflexion concernant la commercialisation des contenus», annonce l'hebdomadaire. L'application est vendue 2,39 euros au numéro contre 3,50 euros pour le papier.
Même stratégie pour Le Monde, qui, après avoir lancé son appli payante, diversifie son offre avec le lancement d'une application gratuite du Monde.fr, sous réserve de faire payer certains contenus ultérieurement.
D'autres, plus téméraires, sautent à pieds joints dans l'aventure iPad. En France, le groupe Play Bac Presse (Le Petit Quotidien, Mon Quotidien et L'actu Presse) préparerait le lancement d'un quotidien disponible exclusivement sur iPad.
Plutôt discrets et mesurés, les lancements des versions iPad de la presse française n'ont en tout cas pas grand-chose à voir avec ceux réalisés aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, certaines campagnes publicitaires font le pari du renouveau (Washington Post, USA Today, et New Yorker en tête).
Rupert Murdoch a annoncé le mois dernier le lancement d'un quotidien 100% iPad, édité par News Corporation. Vendu 99 cents par semaine et attendu en fin d'année, The Daily sera «un tabloïd avec une intelligence de grand format». Son lancement coûterait 30 millions de dollars (22 millions d'euros).
Même projet pharaonique pour la firme Virgin de Richard Branson qui a annoncé un magazine « Project », exclusivement sur iPad.
Reste la question du modèle économique. Quelle rentabilité peut trouver ce type de déclinaison numérique ? Les éditeurs escomptent sans doute lever des recettes additionnelles en touchant de nouveaux lecteurs sans cannibaliser leur lectorat payant sur papier.
Mais l'avenir semble bien au multisupport : « La solution pour les marques de presse sera dans l'abonnement universel qui donnera un accès au papier, au web, au smartphone, aux tablettes et bientôt à la télévision connectée interactive», pronostique Xavier Debbasch.