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Le coprésident du directoire de Libération, Laurent Joffrin, a trois mois pour étudier un rapprochement avec le Nouvel Observateur… et dire s'il y remplacera Denis Olivennes ou non.

En voyant partir Denis Olivennes, Le Nouvel Observateur ne perd pas seulement un patron: il
voit aussi démissionner son directeur de la rédaction et surtout l'héritier annoncé de Claude Perdriel. Le propriétaire-fondateur de l'hebdomadaire, qui a échoué en juillet dans son offre de reprise du Monde avec Prisa et Orange, semble depuis s'intéresser à une prise de participation dans Libération.

Le 3 décembre, il a reconnu en interne qu'il envisageait de prendre part à une augmentation de capital dans le quotidien en y injectant 8 à 10 millions d'euros, ce qui lui donnerait 15 à 20% du tour de table aux côtés d'Édouard de Rothschild et alors que le propriétaire du siège de Libération, la Foncière Colbert, doit apporter 12 millions d'euros.

Si ce n'est pas la première fois que Claude Perdriel envisage d'investir dans Libé (il avait, semble-t-il, failli conclure un accord cet été), il exclut cette fois de prendre la majorité du capital et, surtout, ne devra plus assumer sa divergence à ce sujet avec Denis Olivennes, défavorable au projet.

En appelant Laurent Joffrin à la tête de son hebdomadaire, et en le chargeant – avec Édouard de Rothschild – d'étudier un rapprochement entre Libération et Le Nouvel Observateur, Claude Perdriel atteste qu'il n'a pas renoncé à son idée de forger un pôle de presse de centre gauche.

Diffusion stabilisée

Si la mission de Joffrin est appelée à durer trois mois et qu'elle vise à explorer «toutes les possibilités de coopération», elle laisse sceptiques bien des journalistes de l'hebdo comme du quotidien. Quelles synergies attendre entre Libé et Le Nouvel Obs? Ne serait-ce pas une manière pour Laurent Joffrin de faire en douceur ses adieux au journal pour prendre la tête d'un titre dont il a assuré par deux fois la direction de la rédaction?

«S'il voulait farouchement rester à Libé, il l'aurait dit», note un journaliste. À la Société des rédacteurs du Nouvel Observateur, la prudence est de mise: «Nous allons veiller à ce que cela se fasse dans des délais raisonnables, sachant que trois mois paraît bien long, et nous serons aussi attentifs au contenu de tout accord afin qu'il n'obère pas l'avenir de L'Obs», déclare Sylvain Courage, son président.

S'il rejoint Le Nouvel Obs, Laurent Joffrin devrait hériter d'une situation comptable plutôt saine: le titre est équilibré notamment grâce à une trentaine de départs représentant une économie de 2,5 millions d'euros et une diffusion stabilisée à 500 000 exemplaires. Sur le plan éditorial, il devra renouer le fil avec une partie de la rédaction, qui ne s'était pas retrouvée dans l'action de Denis Olivennes. En témoigne le départ de Jacques Julliard pour Marianne.

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