Quel avenir pour l'Agence France-Presse (AFP) à l'heure où de nombreux journalistes font de Twitter leur fil d'info et où des clients comme Groupe Hersant Média ou 20 Minutes se désabonnent? Le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog, et son directeur de l'information, Philippe Massonet, ont profité des Asssises du journalisme à Strasbourg, le 15 novembre, pour rétablir quelques vérités. Ainsi, les quotidiens français ne représentent plus que 8,5% du chiffre d'affaires de l'AFP, qui compte 1600 clients dans le monde. «C'était 80% il y a 30 ans. L'ensemble des contrats avec la presse française a été renégocié à la baisse depuis une dizaine d'années», souligne le patron. Les réseaux sociaux? «On peut être battu sur tel ou tel site, relativise celui qui est aussi «global news editor», ce qui fait notre force, c'est notre crédibilité d'agence mondiale.» Avec 135 bureaux dans le monde, ajoute-t-il, l'AFP n'a pas, à la différence d'AP ou de Reuters, annoncé qu'un avion s'est écrasé début novembre à Singapour quand il s'est posé avec deux moteurs endommagés…
Refonte des statuts
Pourtant, l'agence sent qu'elle doit se réinventer un avenir numérique. Emmanuel Hoog confirme son intention de se doter d'une «politique de marque et de communication» et de lancer sous son label une offre Internet et mobile pour le grand public. Selon Philippe Massonet, des applications Iphone sont d'ores et déjà prêtes, et l'AFP dispose d'un site Web accessible à tous au Japon.
Quid de l'opposition des éditeurs de presse en France? «Dans 20 ans, on trouvera cela ubuesque», affirme Emmanuel Hoog, qui attend une modification de la gouvernance de l'Agence pour renforcer ses pouvoirs. «Une structure qui a ses clients à son conseil d'administration est une source de conflit d'intérêts permanent», assure-t-il.
Dans l'immédiat, l'AFP prépare un nouveau système rédactionnel, avec des liens hypertextes et de l'image, afin d'apporter des solutions sur mesure aux éditeurs français. Le fil, qui sera prêt d'ici à 18 mois, risque de rebattre les cartes face à des sites qui ont pris l'habitude de piller l'agence. Quant aux réseaux sociaux, ils ne sont pas interdits aux journalistes de l'AFP. Mais ceux-ci devront bientôt se conformer à une charte déontologique élaborée par l'un des leurs, François Bougon.