Embryonnaire mais prometteur en Italie, le marché du livre électronique a vu ces dernières semaines débouler plusieurs acteurs intéressés par ses développements dans une ambiance très électrique. Le 7 octobre dernier à la foire du livre de Francfort, Mondadori, numéro un de l'édition italienne, et Telecom Italia, premier opérateur transalpin, ont inauguré Biblet.it, une plate-forme de vente de livres électroniques, et annoncé la commercialisation prochaine d'une liseuse maison. Biblet.it prévoit de s'associer à d'autres éditeurs et propose pour le moment un catalogue de 1 200 titres.
Menaces sur la neutralité
En Italie, l'annonce a déclenché des réactions plutôt hostiles dans le monde de l'édition. Stefano Mauri, à l'origine d'Edigita.it, une plate-forme active depuis le 18 octobre, a estimé, amer: «Quand on présente une initiative qui peut intéresser tous les éditeurs, on la joue collectif, on ne se présente pas à la Buchmesse [salon du livre de Francfort] avec le premier de la classe.» Le modèle d'Edigita.it est toutefois différent, puisqu'il s'agit d'une plate-forme uniquement destinée aux éditeurs.
Pour un chroniqueur de Wired.it, l'association de ces deux géants, édition et télécoms, révèle des visées de «néocolonialisme numérique» qui pourraient à terme menacer la neutralité de l'e-book et avoir de graves conséquences, non seulement économiques mais aussi culturelles et démocratiques. Moins d'affolement sur la Toile: un blogueur se moque du format d'e-publicité choisi, qui n'est pas lisible sur Kindle et Ipad, modèles de liseuses les plus répandus.
En Italie, la liseuse électronique représente pour le moment à peine 0,1% du marché de l'édition mais, en valeur, ce sous-secteur a bondi de 1,1 million d'euros en 2009 à 3,4 millions en 2010.