Frédéric Mitterrand, ministre de la Communication, a profité de sa visite le 4 octobre au Mipcom, à Cannes, pour annoncer un plan de 80 millions sur trois ans destiné à aider la création audiovisuelle. Gérée par le Centre national du cinéma (CNC), cette aide vise à favoriser la production d'œuvres patrimoniales en direction des chaînes de la TNT. Pourtant, c'est déjà vers un autre horizon numérique que regardent les participants du rendez-vous mondial des programmes audiovisuels: les tablettes et les réseaux sociaux. L'Ipad, Facebook et Twitter étaient en effet au cœur de la quasi-totalité des conférences du Mipcom. Lors d'une table ronde, les dirigeants d'Endemol, Freemantle et Shine, trois des principales sociétés de production, ont fait le constat commun que ces supports étaient devenus incontournables. Et pour cause: en 2011, l'Ipad sera vendu à 28 millions d'exemplaires, et une étude réalisée par Nielsen aux Etats-Unis auprès de 150 possesseurs de la tablette indique que 98% d'entre eux surfent sur le Net quand ils regardent la télévision.
Le retour de la caméra cachée
Du coup, tous les nouveaux programmes vont plus loin que la diffusion télévisée classique. Aux Etats-Unis, un épisode de la série Lone Star a été diffusé en avant-première sur l'application Ipad du magazine Vanity Fair tandis queNBC a réalisé un épisode entier de sa série Community uniquement via Twitter. En Grande-Bretagne, le téléspectateur de la BBC devait découvrir le coupable lors de la diffusion en direct de la série Easttender Live.«Aujourd'hui, les réseaux sociaux entrent naturellement dans le processus de création des programmes», indique Amandine Cassi, directrice des études d'Eurodata TV.
Sur le plan éditorial, l'humour et l'intégration sont à l'honneur. Le premier voit le retour des caméras cachées, comme dans Benidorm Bastards (lire encadré) et The Unusuals où, respectivement, retraités et déficients mentaux s'en donnent à cœur joie pour faire des blagues. Autre thème: celui du dialogue entre les publics, qui met en avant les différences avant de mieux les gommer: entre homme et femme dans un couple (Who Does What?), entre obèses et personnes d'un poids «normal» (Big Meets Bigger), entre recruteurs et recrutés (The Boss is coming Diner) ou entre collaborateurs d'une même société (The Naked Office).
Autre phénomène observé: le dynamisme de la création flamande. «Beaucoup de nouveaux programmes originaux viennent de Belgique ou des Pays-Bas, note Virginia Mousseler, directrice de The Wit. Les concepts sont plus transgressifs, mais ils osent !» Le téléspectateur français suivra-t-il?
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Les vieux prennent leur revanche
C'est le fou rire du Mipcom. Produit par les Belges de Shelter, Benidorm Bastards met en scène une «bande» de retraités malicieux. Armés de cannes et autres déambulateurs, ils mènent la vie dure à leurs cadets, semant la zizanie dans les rues, bloquant volontairement les portes d'ascenseur, batifolant dans les fourrés ou exhibant sans vergogne des sex toys. Lancée sur la chaîne Belge 2Be, cette caméra cachée fait aussi un malheur en Allemagne et aux Pays-Bas, où RTL4 a réalisé cet été, à 20h40, une part d'audience de 24%, soit 7 points de mieux que sa moyenne.