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Jersey Shore, émission de télé-réalité de MTV, met en scène de jeunes Italo-Américains caricaturaux, et bat des records d'audience aux États-Unis.

C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy saupoudrait ses discours de références à Secret Story. Barack Obama s'est taillé un franc succès en mai dernier, lors de son discours au dîner des correspondants accrédités à la Maison Blanche, en citant l'une des émissions cultes du moment: Jersey Shore, ou la vie de huit jeunes à Seaside Heights, une station balnéaire du New Jersey. Cet État proche de New York est considéré comme l'un des plus ploucs des États-Unis, avec des figures locales comme le rockeur ringard Jon Bon Jovi. Le New Jersey est également connu pour abriter l'une des communautés italo-américaines les plus importantes d'Amérique: la série culte de HBO, Les Sopranos, y situait d'ailleurs les pérégrinations mafieuses de son héros, le «parrain» Tony Soprano.

Point de haute criminalité dans Jersey Shore. Juste une bande de jeunes d'origine italienne hauts en couleur. Les protagonistes se définissent comme des «guidos», un terme devenu très à la mode outre-Atlantique, alors qu'il est très péjoratif. En français, le traduire par «rital» serait une erreur. L'équivalent serait sans doute les «kékés» du Sud, et leurs pendants féminins, les cagoles. Principales activités? Ce que l'on désigne sous l'acronyme GTL (gym, tanning, laundry): la gym, le bronzage et la lessive. Dans ce programme étrangement fascinant de vacuité, les protagonistes dissertent à perte de vue sur les mérites comparés des différentes marques de gel capillaires, ou encore sur les vertus des cabines à UV. Les garçons sont ultramusclés, les filles ultrasiliconées, et tous arborent un teint bronzé à outrance. D'où la boutade d'Obama, qui, évoquant une nouvelle taxe de 10% sur le bronzage artificiel dans le cadre de la réforme du système de santé, précisait que les héros de Jersey Shore obtiendraient une dérogation spéciale.

Abdos et coupes de cheveux

Bien joué. Car le programme fait figure de phénomène de société. Nul ne peut plus ignorer les personnages de la série, désignés par des sobriquets: Snooki, The Situation ou encore J-Woww. Que se passe-t-il donc dans Jersey Shore? Eh bien, pas grand-chose: les garçons soulèvent leur tee-shirt pour montrer leurs abdos, les filles se font des brushings. On atteint un sommet d'intensité dramatique lorsque son héroïne, Snooki, se prend un coup de poing dans un bar. Le show a en tout cas battu des records d'audience, avec 4,8 millions de téléspectateurs en moyenne.

Jersey Shore ne fait pourtant pas rire tout le monde. En décembre dernier, le sénateur Joseph Vitale, président du comité électoral des Italo-Américains du New Jersey, réclamait purement et simplement l'arrêt de l'émission, au motif qu'il renvoyait une image désastreuse et offensante de la communauté italienne. Les habitants du New Jersey – en premier lieu son gouverneur, Chris Christie – trouvent également un peu saumâtre le portrait qui est fait de leur station balnéaire, présentée comme un haut lieu de stupre, peuplée de beaufs et de greluches.

Mais les hommes politiques, à l'instar d'Obama, ont tous leur avis sur le programme: deux sénateurs rivaux étaient récemment mis sur le gril à la télévision sur leur connaissance du programme, tandis que le républicain John McCain exprimait sur Twitter son soutien à l'ineffable Snooki, arrêtée pour conduite en état d'ivresse, déclarant qu'elle était «trop jolie pour la prison». Le culte Jersey Shore n'épargne pas la France: selon MTV «la case horaire à laquelle l'émission est programmée fait deux fois plus d'audience que les programmes habituels».

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