Stratégies a demandé à trois experts radios d'évaluer les principales nouveautés de la saison: Philippe Nouchi, directeur de l'expertise médias de Reload (Groupe Publicis), Isabelle Vignon, directrice des études plurimédias de Carat, et Catherine Vernier, directrice du département radio d'Havas Media.
France Inter 6h-9h: Audrey Pulvar et Patrick Cohen
Exit Nicolas Demorand, Stéphane Guillon et Didier Porte. La matinale de France Inter a fait peau neuve. La tranche d'information est confiée à Audrey Pulvar (6h-7h), suivie par Patrick Cohen (7h-9h), tandis que le billet humoristique, décalé à 8h45, échoit à Gérald Dahan, Raphaël Mezrahi et François Morel. Changements à risque pour la station? «Nicolas Demorand avait beaucoup personnalisé la tranche, mais le format de la matinale reste proche», juge Philippe Nouchi. Pour Isabelle Vignon, l'arrivée d'Audrey Pulvar est en cohérence avec l'image de la matinale de France Inter, «car elle est pugnace et n'a pas sa langue dans sa poche». «Mais on peut dire qu'Inter a perdu ses deux meilleurs éléments cette saison sur ses deux carrefours d'audience. En ce sens, cette saison sera un pari», ajoute-t-elle. Le passage de témoin des humoristes pourrait s'avérer plus sensible. «L'audience d'Inter est très attachée à l'indépendance de leur station et les auditeurs sont assez réactifs, explique Catherine Vernier. En 2006, lorsqu'on avait reproché à la station sa partialité au cours de la campagne présidentielle, l'audience avait baissé de manière visible.»
Philippe Nouchi est plus nuancé: «La fuite des auditeurs sera limitée, car les gens qui se sont offusqués la saison dernière du sort des humoristes sont également ceux qui sont le plus attachés au service public. Je les vois assez mal basculer sur Europe 1. Cependant, l'an dernier, le billet d'humeur de 7h55 attirait des auditeurs supplémentaires, qui n'étaient pas des fidèles de la station. Ceux-là vont être perdus.»
Europe 1 et RTL l'après-midi: Michel Field, Jacques Pradel et Flavie Flament
Café découvertes, la nouvelle émission de Michel Field, de 13h30 à 14h30, sur Europe 1 remplace Café crime de Jacques Pradel, parti sur RTL. «C'est risqué car les sujets abordés sont très variés: religion, politique, culture, etc. Il n'y a pas de thématique, comme le fait-divers sur Café crime», note Catherine Vernier. Mais cette tranche horaire étant moins stratégique en termes d'audience que le matin, la station peut tenter ce format «soutenu par un nom reconnu de la radio», ajoute-t-elle. La tranche après 14h30 de RTL a été remodelée avec l'arrivée de Jacques Pradel pour L'Heure du crime (jusqu'à 15h), suivi par une nouvelle émission, Tout le plaisir est pour nous, animée par Flavie Flament (15h-16h), qui fait ses premiers pas à la radio. «Flavie Flament va rester dans le style du divertissement qu'elle maîtrise bien, en apportant une touche féminine», considère Isabelle Vignon. «Pour Jacques Pradel, l'émission de fait-divers correspond davantage à la marque RTL qu'à Europe 1», ajoute-t-elle.
Europe 1 18h-20h: Nicolas Demorand
Occupée l'an dernier par Patrick Cohen, la tranche échoit cette année à Nicolas Demorand (18h-20h). «Ce n'était pas un tranche très forte en audience pour Europe 1. Entre 19 et 20 heures, elle draine en moyenne 250 000 auditeurs sur les dernières vagues, contre environ 450 000 pour RTL et 800 000 pour France Inter», détaille Philippe Nouchi. Il ajoute: «L'émission de Nicolas Demorand peut “booster” la tranche et accroître la concurrence, même si les émissions rivales sont bien installées.»
NRJ 21h-24h: Cauet
«C'est la véritable nouveauté de NRJ en cette rentrée: avec le départ de Mickaël et l'arrivée de Cauet sur cette tranche, on peut dire que la station jette l'éponge sur le créneau libre antenne face à Skyrock», pointe Catherine Vernier. «Avec Cauet, le pari est d'aller chercher les 25-49 ans, soit une cible plus large que celle de Skyrock», complète Isabelle Vignon. «Avant, la star, c'était la marque NRJ, non les animateurs. Mais la station avait déjà évolué avec l'arrivée de Nikos Aliagas la saison dernière et confirme aujourd'hui avec celle de Cauet», explique Catherine Vernier. «Nikos et Cauet rassemblés sur la même antenne représentent un gros potentiel d'audience», conclut Isabelle Vignon.