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Le futur président de France Télévisions s'est taillé une réputation dans le service public en dirigeant France 3 de novembre 1999 à août 2005. Une expérience qui va lui servir.

Le futur patron de France Télévisions prendra ses fonctions le 23 août, après avoir été entendu par le Conseil supérieur de l'audiovisuel et le Parlement. Une formalité, tant le choix de Rémy Pflimlin est jugé rassurant par les professionnels. «C'est l'Alsacien dans toute sa splendeur: sérieux, honnête, rigoureux», relève Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT, qui l'a affronté lorsqu'il était directeur général de France 3 de 1999 à 2005.

«C'est quelqu'un de bien et de solide, avec des principes et des repères», souligne Philippe Chazal, coprésident du club Galilée et ancien dirigeant de France 4, qui lui doit la mise à l'antenne de Taratata en coproduction avec France 3. «Un homme très vigilant à tout ce qui relève du conflit d'intérêts, pas un opportuniste», ajoute Christopher Baldelli, PDG de RTL qui l'a côtoyé en tant que directeur général de France 2, et qui loue «sa probité véritable à tous les sens du terme».

Le futur président du groupe public, préféré par Nicolas Sarkozy à un Alexandre Bompard lié à Alain Minc et à Stéphane Courbit, devra trancher tous les dossiers sensibles. Son expérience à France 3, qui représente les plus gros bataillons de l'entreprise, lui permettra de gagner du temps dans la négociation sur la nouvelle convention collective, reportée jusqu'en février 2011 après une décision en juin de la cour d'appel de Paris.

Jean-François Téaldi se souvient de la plus grande grève de l'histoire de la chaîne, en novembre 2002, où il était apparu plutôt novice en matière de gestion sociale: «Il y a eu d'abord un retard à l'allumage, car il nous a réunis la veille du mouvement malgré un préavis de cinq jours. Puis il a fait silence pendant plus d'une semaine, après une ou deux journées de négociations. On parlait alors de mépris de la direction et cela a contribué à la mobilisation. À la fin, on a eu une grève dure de cinq semaines et la plupart de nos revendications satisfaites.» Rémy Pflimlin va cependant tirer les leçons de cet échec en faisant appel à Patrice Papet comme directeur des ressources humaines et véritable démineur social. Pas étonnant que la première nomination attendue à France Télévisions soit celle de ce spécialiste des relations syndicales, qui s'apprête à quitter Radio France. C'est aussi à lui que Rémy Pfimlin doit sa réputation de fin négociateur, calme, ouvert et consensuel.

«Pas un solitaire du pouvoir»

À cinquante-six ans, le successeur de Patrick de Carolis est connu pour être déterminé, comme en atteste son choix de maintenir Plus Belle la vie en 2004-2005 malgré des débuts désastreux, et un manager qui sait s'entourer. «C'est un homme d'équipe, pas un solitaire du pouvoir, constate Christopher Baldelli. Le contraire d'un management confiscatoire de type centralisé.» Autant d'éléments qui laissent augurer une refonte de l'organisation au sein de l'entreprise unique. À l'organisation pyramidale concentrant tous les pouvoirs au niveau de la présidence et de la direction générale devrait succéder un organigramme plus classique avec des patrons de chaînes. «Le nouveau président aurait raison de trouver un nouvel équilibre entre les unités de programmes et les chaînes, plaide Philippe Chazal. Il faut donner plus de poids aux marques de chaînes.»

Par la même occasion, la suppression du poste de numéro deux, actuellement occupé par Patrice Duhamel, permettrait à Rémy Pflimlin de ne pas se faire imposer un bras droit par l'Élysée, même si Nicolas Sarkozy regardera de près les nominations, notamment à la direction de l'information.

Enfin, celui qui fut vice-président en charge de la publicité au sein du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) est attendu sur la question de la régie publicitaire. Suspendue, la négociation exclusive avec le duo Lov-Publicis court encore jusque fin décembre.

Si Rémy Pflimlin n'a pas caché en privé, dans le passé, qu'il était favorable à une suppression totale de la publicité sur France Télévisions, il reste dépendant des arbitrages de l'exécutif. Quoi qu'il en soit, ses décisions ne seront entachées d'aucun soupçon de conflit d'intérêts. Qu'il renforce la présence de Nagui ou qu'il fasse revenir Marc-Olivier Fogiel à la télévision, personne n'y trouvera rien à redire.

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