Qu'est-ce qui a présidé à la fusion de l'Association pour la promotion de la presse magazine (APPM) et du Syndicat de la presse magazine d'information (SPMI)? La recherche d'économies ou d'une nouvelle image?
Marc Feuillée. Le magazine est un média très puissant, qui représente plus des deux tiers des journaux achetés en France. Le chiffre d'affaires publicitaire des 600 titres adhérents du SPM se monte à 3,7 milliards d'euros. Mais le média souffrait de dispersion dans sa représentation professionnelle: le SPMI s'attachait aux aspects juridiques, sociaux, réglementaires et lobbying et l'APPM se consacrait aux relations avec les annonceurs et les médias. Au moment où l'on restructure nos entreprises, il importe que nos instances professionnelles se réorganisent. Cela nous permet de disposer d'un budget consolidé important, de l'ordre d'un peu plus de 2 millions d'euros.
Pourrait-on imaginer que le Syndicat de la presse magazine et d'opinion (SPMO) fusionne lui aussi avec votre syndicat?
M.F. Le SPMO s'est inscrit dans cette convergence en adhérant comme membre associé. Mais il entendait conserver sa propre représentation et sa propre sensibilité vis-à-vis des pouvoirs publics.
Quels sont les chantiers prioritaires du SPM?
M.F. Notre préoccupation numéro un concerne la distribution. Les douze prochains mois seront décisifs. Les éditeurs de presse magazine financent le système à plus de deux tiers. Et veulent jouer leur rôle de pivot.
Vous êtes vous-même membre du conseil de gérance de Presstalis…
M.F. Et en tant que président du directoire du groupe L'Express-Roularta, je fais aussi distribuer un de nos titres, Point de vue, par les MLP. Il s'agit de faire en sorte que les deux messageries, Presstalis et les MLP, soient en bonne santé, avec un réseau restructuré et une concurrence apaisée.
Quelle est votre position sur l'application des accords entre presse, La Poste et l'État de 2008?
M.F. Nous sommes un peu inquiets sur la capacité de constituer un réseau de portage qui puisse être une alternative pour la presse magazine. Sans alternative, on reste encore dans un schéma monopolistique, ce qui sera un vrai souci car, sur sept ans, l'augmentation des frais postaux va être très importante, de l'ordre de plus de 30%. Cela risque de peser lourd dans les comptes d'exploitation des groupes de presse magazine, qui développent beaucoup l'abonnement.
Vous allez proposer une étude commune avec la presse quotidienne…
M.F. Oui, nous allons lancer en 2011 un nouvel outil d'étude, intitulé One, réalisé par Audipresse (dont le SPMI détient 51% et le SPQR 49%), qui fédérera pour la première fois au sein d'une même étude les informations sur la presse magazine et la presse quotidienne, payante et gratuite. Une simplification qui était attendue par la profession.
Après une «annus horribilis», pour reprendre la formule d'Ernesto Mauri, président de Mondadori France, la presse magazine a-t-elle mangé son pain noir?
M.F. Selon les tendances publicitaires que l'on perçoit, on ne peut pas qualifier 2010 d'année de reprise, plutôt d'année de consolidation. Ici et là, on constate le retour du dynamisme: reprise des news magazines, grande vitalité de la presse féminine. Et les tablettes comme l'Ipad sont porteuses d'espoir, car elles permettent, beaucoup plus que les pages Internet, de renouer avec le plaisir de lecture, qui est l'un des fondamentaux de notre média.
Nouvelle gouvernance pour la presse magazine
Le SPM accueille du sang neuf: Rolf Heinz (Prisma Presse), Bruno Lesouëf (Lagardère Active), Xavier Romatet (Condé Nast), Philippe Clerget (Sophia Publications) et Jean-Luc Breysse (Mondadori France) entrent au conseil de gérance. Jean-Paul Lubot (Marie Claire) a été élu président de la commission marketing et publicité, et devient de ce fait vice-président du syndicat.