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Candidat à sa succession, le président de France Télévisions en appelle à la «culture du résultat» du chef de l'État. Alors qu'il souhaite conserver son équipe actuelle, sa régie publicitaire pourrait être son talon d'Achille.

Patrick de Carolis y croit. Il se dit même «optimiste», après avoir fait part à Nicolas Sarkozy, en avril, de son envie d'être reconduit en août à la tête de France Télévisions. Alors que la décision du chef de l'État est donnée pour imminente et qu'une note d'intention du président de France Télévisions lui a été transmise vendredi sur l'avenir de la télévision publique, le patron candidat à sa propre succession s'est livré, mardi 8 juin, à une défense de son bilan: «Nous avons changé le visage de l'audiovisuel public.» Fini le temps, rappelle-t-il, où Catherine Clément pouvait rendre un rapport dénonçant l'absence de culture sur les chaînes publiques. Le nombre d'émissions culturelles a été multiplié par quatre, à près de 900, œuvres patrimoniales non incluses.

Sur le front de l'audience, avec 32% de part d'audience contre 35,8% en septembre 2009, le groupe public a su, selon lui, résister à la TNT tout en réussissant son «virage éditorial». Et ce en dépit des «extrêmes turbulences» qu'a été l'annonce de la suppression de la publicité en soirée. Quant à la situation financière du groupe, elle apparaît plutôt saine, avec un résultat net de 19,6 millions d'euros alors que le budget prévisionnel tablait sur un déficit de 135 millions.

«Je suis optimiste parce que j'écoute régulièrement la parole du président de la République, et il a toujours dit qu'il basait ses décisions sur la culture du résultat», a-t-il ajouté. Reste à savoir si Nicolas Sarkozy, à qui il demande le maintien de la publicité en journée, l'entendra ainsi. D'autant que Patrick de Carolis n'a pas caché son intention de repartir avec l'équipe actuelle, ce qui suppose un maintien en poste de Patrice Duhamel, le numéro deux du groupe, chargé des programmes, et d'Arlette Chabot, la directrice de l'information que le chef de l'État avait tancée à New York en septembre 2009.

Entreprise unique très controversée

Quant à Philippe Santini, directeur général de France Télévisions Publicité, il a vu son pourvoi rejeté le 10 avril par la chambre criminelle de la Cour de cassation après sa condamnation pour «complicité de violences aggravées avec préméditation et usage ou menace d'une arme» et «séquestration» dans l'affaire du séminaire qu'il avait transformé en prise d'otages fictive, le 25 octobre 2005.

De plus, son Projet Horizon de vente des écrans publicitaires à la seconde, qu'il avait mis en place début 2008 et qui a été occulté par l'annonce de Nicolas Sarkozy, s'est soldé par un échec complet qui a fait passer les recettes de publicité de France Télévisions de 823 millions d'euros en 2007 à 618 millions en 2008 (–25%). En y renonçant, Philippe Santini n'a eu ensuite aucune peine à réaliser une performance commerciale en 2009, les estimations de recettes publicitaires ayant été établies sur la base de l'année 2008. «Pour l'instant, il reste à la tête de France Télévisions Publicité», indique Patrick de Carolis lorsqu'on l'interroge sur la condamnation pénale du patron de sa régie publicitaire.

Enfin, s'il peut se flatter de la qualité de ses programmes, Patrick de Carolis doit encore convaincre des vertus de l'entreprise unique qui aboutit, selon certains producteurs, à scléroser le flux des commandes. «Depuis mars-avril, ça va mieux. Au 30 avril, nous avons 55% de nos investissements dans les œuvres», estime-t-il, rappelant qu'un guichet unique sur la négociation a réduit le coût des émissions de 15 à 25%. De quoi convaincre l'Élysée de ne pas lui préférer Alexandre Bompard ou Rémy Pflimlin?

 

Encadré

 

«Virage numérique»

Le 5 juillet, France Télévisions lancera, sous le nom de Pluzz, un portail unique de télévision de rattrapage qui a vocation à être disponible auprès de tous les opérateurs et qui mettra fin à son accord d'exclusivité avec Orange. Objectif: tendre vers 100% des programmes du groupe visionnables, contre 60% aujourd'hui. Par ailleurs, France Télévisions lancera en septembre sous une marque unique un portail d'information fonctionnant 24h/24, où seront diffusés les JT, les magazines, de nouveaux produits multimédias et de l'animation de communautés via les réseaux sociaux. Le même mois, quatre web-TV de France 3 seront lancées à Lille, Lyon, Nantes et Limoges.

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