On se bouscule au portillon du Monde. Le quotidien, dont la recapitalisation paraissait plutôt mal engagée, a finalement attiré de nombreux prétendants à quelques semaines de la date butoir (fin juin), avant laquelle il doit trouver au bas mot 60 millions d'euros.
Après l'espagnol Prisa, notamment propriétaire du quotidien El País et détenteur de 15% du Monde SA, et le groupe italien L'Expresso, deux nouveaux investisseurs, français, ont fait part de leur intérêt. D'une part Claude Perdriel, propriétaire du Nouvel Observateur, qui offre de prendre la majorité du capital du groupe Le Monde, dont il est déjà actionnaire symbolique à hauteur de 1,75%. Sa fortune est évaluée à 150 millions d'euros. D'autre part, mais pour le moment non officiel, le tandem formé par le banquier Matthieu Pigasse, associé-gérant chez Lazard, et le mécène Pierre Bergé. «Claude Perdriel a une légitimité sur ce dossier qu'il connaît extrêmement bien et Matthieu Pigasse a déjà montré sa passion pour la presse en rachetant Les Inrocks», résume Jean-Clément Texier, banquier spécialiste des médias.
En position de choisir
Une affluence de prétendants qui n'est pas sans cause. «Il y a un effet moutonnier des investisseurs, qui ont emboîté le pas à Prisa», explique Jean-Clément Texier. Autre paramètre, la Société des rédacteurs du Monde (SRM), actionnaire principal du titre, semble avoir lâché du lest sur les prérogatives qu'elle exerce concernant la gouvernance du groupe (droit de veto sur la nomination du président du directoire, par exemple). «La SRM récolte les fruits d'une politique d'ouverture. Elle est maintenant en position de choisir. Il n'est pas exclu que d'autre candidatures se déclarent», analyse Jean-Clément Texier. De vilain petit canard lourdement endetté, le quotidien serait-il en passe d'être la nouvelle coqueluche des investisseurs, notamment proches de la gauche?