Tout le monde va vouloir prendre sa place… Nagui devient l'animateur préféré des Français, selon le quatrième volet de l'enquête Animat réalisée par l'agence médias Omnicom Media Group (OMG) et initié par Stratégies. Réalisée depuis 2006, cette étude analyse «l'image de marque» des animateurs de télévision au travers de seize valeurs, positives et négatives.
Parmi les vedettes bénéficiant des taux de notoriété les plus élevés, Nagui est jugé comme le plus sympathique et il s'installe sur le podium pour quatre autres critères : «drôle», «chaleureux», «dynamique» et «dont je me sens proche» .
L'animateur de France 2 a le vent en poupe et prend une petite revanche, après son éviction de RTL l'été 2006. Aujourd'hui, Nagui truste la grille de France 2 : tous les jours à 12h05 avec Tout le monde veut prendre sa place, du lundi au vendredi à 18h55 avec N'oubliez pas les paroles, une fois par mois pour un best-of de Taratata, par ailleurs programmé une fois par semaine sur France 4. A cela s'ajoutent les émissions spéciales (Victoires de la musique et autres Téléthon) et la radio, avec Europe 1 en semaine de 9h30 à 11 heures.
En additionnant les audiences de ses passages réguliers sur France 2, Nagui a généré 460 GRP en 2006, puis 1 168 GRP l'année suivante, 1 444 en 2008 et 2 271 l'an passé, soit une audience globale multipliée par cinq en quatre ans. Qui dit mieux?
«Nagui bénéficie d'une énorme exposition, son audience est en constante augmentation et, parallèlement, son capital sympathie s'envole», constate Katrine Vincent, directrice d'études chez OMG. Pour les interviewés, Nagui est «sympathique» (45%), «drôle» (37%), «dynamique» (34%) et «chaleureux» (27%). «Les valeurs dégagées sont fonction de ce que nous incarnons à l'antenne, commente l'animateur. Personnellement, je ne travaille pas une image de marque. Je tiens à rester proche de la vérité. Dans mes émissions, je n'ai ni oreillette ni prompteur. Je suis à la télé comme dans la vie. Jouer un rôle serait crevant, et simplement impossible.» Une posture dans l'air du temps, selon Nagui : «Le téléspectateur a changé. Il est moins dupe de ce que lui propose la télévision car il intervient de plus en plus sur les plateaux. C'est plutôt bien et rassurant.»
Un personnage généralement très apprécié
Si ce quatrième volet d'Animat consacre Nagui, il ne déboulonne pas le précédent chouchou des Français, Jean-Luc Reichmann. L'animateur de TF1 reste «sympathique» (43,5%), «drôle» (40,5%), «chaleureux» (32%) et «dynamique» (28%), mais avec des taux en léger recul. «Jean-Luc Reichmann conserve une image très positive, mais qui se ternit un peu, estime Kelly Confalonieri, responsable d'études chez OMG. Il est à l'antenne depuis 2001 avec la même émission. On peut y voir, peut-être, un début d'usure. Toutefois, l'animateur n'est pas jugé démodé.» Il est sauvé par les femmes, qui lui accordent une image plus sympathique, drôle et chaleureuse que Nagui.
Plébiscitée en 2008, Valérie Damidot est plus en difficulté. Figure de proue de M6, la grande prêtresse de la décoration est toujours jugée «sympathique» (42%) et «dynamique» (32%). «Mais tous ses items positifs sont en recul et les critères négatifs, eux, augmentent», signale Kelly Confalonieri. Quelque 10% la considèrent comme «ennuyeuse», contre 7% il y a deux ans.
«Valérie Damidot et Jean-Luc Reichmann semblent souffrir de programmes qui n'évoluent pas, observe Katrine Vincent. D'ou un recul des audiences. C'est le signe d'une attente de renouvellement des téléspectateurs.» En septembre prochain, D&Co, l'émission présentée par Valérie Damidot, devrait évoluer.
D'une manière générale, l'animateur de télévision reste un personnage très apprécié, même si l'étude révèle aussi un lissage des images. Sur TF1, Christophe Dechavanne apparaît autant «sympathique» (25%), «dynamique» (25%) et «drôle» (24%), mais moins «démodé» (15%). Toujours sur la Une, Cauet, moins «drôle» (28%) et autant «sympathique» (23%), arrondit son image en étant jugé moins «antipathique» (15%) et «arrogant» (15%). Grâce à Tournez manège?
Sur France 2, Julien Courbet, désormais animateur de jeu, est plus «sympathique» (27%), «moins ennuyeux» (9%) et moins «arrogant» (5%). Laurent Ruquier est autant «drôle» (29%) et «sympathique» (25%), mais surtout moins «antipathique» (9%) et «démodé» (4%). Sur ce dernier critère, un trio de France Télévisions se détache : Michel Drucker, Patrick Sabatier et Julien Lepers. Pour ces trois là, le premier item cité est «démodé». Pas franchement valorisant.
Benjamin Castaldi et Nikos Aliagas, eux, ont un autre problème : les deux icônes de TF1 sont… «ennuyeux»! Ils subissent sans doute le contrecoup de l'image de leurs programmes respectifs : La Ferme célébrité et Secret Story pour le premier, Star Academy pour le second.
Enfin, il y a le cas Jean-Luc Delarue. L'image de l'animateur-producteur se dégrade fortement. Si son premier trait de caractère reste «sérieux» (23%), les cinq suivants sont tous négatifs : «ennuyeux» (19%), «démodé» (19%), «arrogant» (13%), «antipathique» (13%), «froid et distant» (13%). «Moins présent sur France 2, Jean-Luc Delarue ne parvient pas à dynamiser son image avec son magazine quotidien, Toute une histoire, diffusé en journée», commente Kelly Confalonieri. Ses frasques, à l'antenne comme hors de cette enceinte, n'ont rien arrangé.
L'animateur doit ressembler à la chaîne
Dans ce contexte, la nouvelle génération a une formidable fenêtre de tir pour s'imposer auprès du grand public. Stéphane Plaza (M6), Frédéric Lopes (France 2), Virginie Guilhaume (M6) et Yann Barthès (Canal+) ont un taux de notoriété inférieur ou égal à 60%, mais bénéficient d'une image très forte.
En trois saisons, Yann Barthès a fait de son Petit Journal, sur Canal+, une institution. Porté par les 15-24 ans, l'animateur est perçu «drôle» (51%), «sympathique» (43%), «dynamique» (36%) et «impertinent« (32%). «Pour un chroniqueur, et non un animateur au sens propre, sa performance est étonnante», relève Katrine Vincent.
Sur M6, Stéphane Plaza construit aussi son territoire. Bénéficiant d'une belle image auprès du public féminin, il est considéré comme «sympathique» (43%), «dynamique» (31%), «dans l'air du temps» et «convaincant» (24%). «Il n'a pas encore la bonne exposition, confie Bibiane Godfroid, directrice générale des programmes de M6. C'est une valeur montante et je vous confirme qu'il sera là à la rentrée.» Pour la dirigeante de M6, Stéphane Plaza correspond au premier critère d'un bon animateur: «Il ressemble à la chaine et est donc proche des téléspectateurs. Un animateur doit incarner la chaîne avant le programme qu'il présente.»
L'animateur idéal «doit répondre à deux critères, complète François de Brugada, directeur général délégué de la société de production Banijay. D'abord, il doit être capable de s'adapter au genre présenté. Ensuite, le lien avec le public doit être long et profond. Ceci n'est pas une garantie de succès, mais ça y contribue, car un animateur reconnu est un signal fort pour le téléspectateur.»
Une analyse partagée par Franck Firmin-Guion, président d'ALP (Adventure Line Productions, filiale de Marathon): «Un bon animateur aime son public et ne le trompe pas. Il doit aussi être en totale adéquation avec son émission. C'est le cas de Denis Brogniard sur Koh-Lanta, jugé sérieux, mais sympathique. Il est bien dans le rôle de l'arbitre.»
Dans la même idée, sur Canal+, Thierry Ardisson est aussi dans son personnage en étant qualifié «arrogant» (26%), «impertinent» (25%) et «antipathique» (17%).
C'est au printemps que se traitent les contrats de la rentrée de septembre à la télévision: en cette période de transferts, l'étude Animat OMG-Stratégies peut profiter à quelques têtes d'affiche. A commencer par Nagui, dont le contrat avec France Télévisions arrive à échéance en juin 2010. «Je parle à toutes les personnes qui veulent bien me parler», rétorque, amusé, l'animateur quand on le questionne sur son avenir proche. On ne se fait pas trop de souci pour lui.
Pour rappel:
La cote des animateurs préférés des Francais en 2006
La cote des animateurs préférés des Francais en 2007
