magazines
Philosophie magazine est une deuxième fois récompensé : il remporte la consécration suprême avec le Prix du magazine de l'année, après avoir été sacré Meilleur nouveau titre en 2007.

«La difficulté de réussir, disait Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre.» Nul doute qu'à Philosophie magazine, on ne s'inscrira pas en faux contre cette phrase de l'emblématique représentant des Lumières. «En 2005, lorsque nous présentions notre projet aux investisseurs, ils nous prédisaient au mieux 15 000 à 20 000 ventes. Sur le papier, nous avions déjà échoué», se souvient Alexandre Lacroix, rédacteur en chef du titre. Fabrice Gerschel, un banquier d'affaires passionné de philosophie, fait le pari d'y croire : cinq ans plus tard, le mensuel vogue sur les mers calmes d'une diffusion de près de 47 000 exemplaires (+19% en 2009), dont 17 000 abonnés. Surtout, il a été sacré magazine de l'année à l'occasion du prix organisé par le Syndicat de la presse magazine d'information (SPMI). Une consécration en forme de reconnaissance de la part des professionnels du jury, composé pour la première fois de quelque 400 éditeurs et rédacteurs en chef (issus de titres dont la diffusion est supérieure à 10 000 exemplaires), pour une meilleure représentativité. Se voit là salué «un magazine qui, dans une période de crise et de doute dans notre société comme dans le monde de la presse, ose et prouve que le sens s'avère payant».

Haut niveau d'exigence

Le titre a déjà été récompensé en 2007, après des débuts en fanfare. Dès son huitième numéro, il publiait en effet un exercice dialectique choc. Intitulé «Confidence entre ennemis», il opposait le philosophe Michel Onfray à Nicolas Sarkozy, très peu de temps avant le premier tour de l'élection présidentielle. Sur un débat ancien, celui de l'inné et de l'acquis, le présidentiable ratait son examen de philo en déclarant que tout était joué à l'avance. «Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense», lâchait le futur président, enfonçant le clou : «J'inclinerais, pour ma part, à penser que l'on naît pédophile (…). Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident par an en France, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés!» Michel Onfray, quant à lui, terminera l'entretien avec celui qu'il définira par la suite comme «une machine performante à récuser les questions pour éviter la franche confrontation» en lui offrant de saines lectures : notamment Totem et Tabou, de Freud, parce qu'il «y traite du meurtre et de l'exercice du pouvoir dans la horde ».

«Comment peut-on être anticapitaliste?», «Pourquoi fait-on des enfants?» ou encore «La télé nous rend-elle mauvais?», en partenariat avec le documentaire choc de Christophe Nick sur France 2, Le Jeu de la mort… Philosophie magazine continue à questionner la société, à tenter de dire le monde, avec le niveau d'exigence que l'on retrouve dans des succès récents comme Books et XXI. «À mon sens, si nous avons remporté ce prix, c'est que les jurés voulaient promouvoir la presse d'idées», estime Alexandre Lacroix. La presse d'idées et la presse d'audace… Le débat inaugural de la Semaine de la presse magazine, le 12 avril, affichait, tout comme ce prix, la volonté de s'affranchir des diktats, à une époque où l'on entend sans relâche parler d'«ADN des marques de presse» et où chaque lancement semble marketé au dernier degré. Il s'intitulait: «Ceux qui cassent les codes.» Toute une promesse…

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.