L'ouverture officielle du marché des paris sportifs, paris hippiques et jeux en ligne, notamment le poker, se précise. Le 6 avril dernier, les députés ont adopté le texte du projet de loi par 299 voix contre 223. Sauf surprise, les opérateurs pourraient proposer des paris en ligne aux joueurs pour l'ouverture de la Coupe du monde de football, le 11 juin prochain. Ce nouveau secteur fait rêver le marché de la publicité (voir Stratégies n° 1583 du 1er avril 2010). Il intéresse aussi beaucoup les médias qui y voient une nouvelle source de revenus. En télévision, toutes les chaînes ont déjà noué des accords avec les futurs opérateurs légaux. Des partenariats différents selon les groupes. C'est TF1 qui a été l'un des premiers à dévoiler sa stratégie. Le groupe a annoncé dès mars 2009 la création d'Eurosport Bet, une structure détenue à égalité par la chaîne sportive du groupe, Eurosport, et Serendipity, le fonds d'investissements présidé par Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1. Mais, début février 2010, ces parts ont été reprises par TF1, qui contrôle donc désormais la totalité de la société. «Cette prise de participation s'inscrit dans la stratégie 360° du groupe, qui va des jeux de société jusqu'aux jeux et paris en ligne dans le domaine du sport, lequel constitue une composante importante de l'offre de programmes du groupe TF1», soulignait-on au siège de la chaîne.
De son côté, Canal+ s'invite plus modérément dans les paris sportifs. La chaîne, qui préfère s'adosser à un spécialiste plutôt que de monter une structure ex nihilo, a annoncé le 6 avril la création d'un joint-venture à 50/50 avec l'un des principaux bookmakers britanniques, Ladbrokes (15 milliards de livres de mises). Stratégie distincte encore pour France Télévisions, qui a finalement estimé que le métier d'opérateur de paris sportifs n'entrait pas dans ses missions de service public. Le groupe a noué un partenariat de trois ans avec la Française des jeux (FDJ), principalement fondé sur du partenariat publicitaire et la création de contenus. Un contrat identique a également été noué par la société de jeux avec TF1.
Quant à M6, le groupe aurait bien voulu créer aussi une activité d'opérateurs de paris sportifs, mais il ne le peut pas. Propriétaire d'un club de Ligue 1, les Girondins de Bordeaux, M6 aurait été en conflit d'intérêts. Du coup, la chaîne a conclu un accord de quatre ans avec Mangas Gaming, la société qui contrôle les sites Bet Clic et Everest Poker, détenue par le producteur Stéphane Courbit et la Société des bains de mer de Monaco. Là encore, il s'agit de partenariat publicitaire et de création de contenus, comme des émissions de poker. «Ce type de développement est important, car il s'inscrit dans la culture de diversification du groupe», indique Valéry Gerfaud, directeur général de M6 Web.
Un engagement qui a ses limites
Dans ce contexte, la radio et la presse ne sont pas en reste. La Française des jeux s'est rapprochée de RTL et de 20 Minutes, le PMU de RMC, Bet Clic d'Europe 1 et Sporting Bet du Monde. Enfin, le groupe Amaury, acteur incontournable du monde du sport (éditeur de L'Équipe et, via sa filiale ASO, organisateur d'événements sportifs, notamment le Tour de France), ne pouvait pas être absent de ce marché. Il s'est rapproché de Bwin pour créer sa propre structure de jeu : Sajoo.fr. Toutefois, ce type d'engagement a ses limites : l'impartialité des commentaires dans les articles du quotidien L'Équipe. C'est aussi le cas pour Canal+, détenteur des droits TV du championnat de France de football. «Les liens éditoriaux resteront limités», affirme Bertrand Meheut, le président du groupe Canal+ dans le quotidien La Tribune. Une promesse forte pour que les lecteurs et les téléspectateurs gardent confiance. Car se sont aussi des joueurs potentiels.