Le groupe pharmaceutique Pierre Fabre a engagé des négociations exclusives avec la société Privinvest Médias en vue de lui céder le groupe Valmonde, éditeur de l'hebdomadaire Valeurs actuelles et des trimestriels Jours de chasse et Jours de cheval.
L'opération, qui devrait être effective avant fin juin, passe par le rachat des parts de Pierre Fabre Participations par Privinvest Médias, holding détenue majoritairement par Iskandar Safa, via son groupe Privinvest. De nationalité française, diplômé de l'Insead, cet homme d'affaires franco-libanais a développé sa société dans les chantiers navals, à Cherbourg et Kiehl (Allemagne), dans l'exploitation de gaz et de pétrole, dans le transport maritime et dans les carrières de marbre dans le sud de la France. Il est désireux d'édifier un groupe médias qui serait présent dans le numérique et à l'international.
Les autres actionnaires de Privinvest Médias, minoritaires, sont Etienne Mougeotte, actuel directeur de Radio Classique, et Charles Villeneuve, ex-président du PSG. Ces deux anciens dirigeants de TF1 sont à parts égales dans le capital de la holding.
«Je me réjouis beaucoup de cette perspective, a confié à Stratégies Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles depuis octobre 2012. Les autres candidats à la reprise ne semblaient pas en parfaite adéquation avec la ligne éditoriale du journal. Sur le plan politique, nous n'aurons pas affaire à un faux nez de la droite extrême.»
Parmi les repreneurs potentiels du groupe Valmonde, les groupes Fiducial et Alain Lefebvre, créateur notamment de Magazine hebdo et de Maisons Côté Sud, avaient été cités.
Un bénéfice net de 1 million d'euros pour l'hebdomadaire
«Iskandar Safa est intéressé par la ligne éditoriale de Valeurs actuelles qui correspond à sa propre ligne personnelle , ajoute Yves de Kerdrel. Son projet est d'accélérer le développement de Valeurs actuelles. Il est convaincu que ce journal a un très gros potentiel avec l'actualité politique qui sera la nôtre dans les années à venir.»
Le groupe Valmonde a enregistré un chiffre d'affaires de 16 millions d'euros en 2014 et un bénéfice net de 450 000 euros. Valeurs actuelles, qui a été déficitaire pendant vingt-trois ans, jusqu'en 2012, dégage à lui seul 1,03 millions d'euros de résultat net. Il est passé de 84 864 exemplaires de diffusion France payée en 2012 à 110 144 exemplaires deux ans plus tard, selon l'OJD. À l'été, l'éditeur a arrêté le Spectacle du Monde dont Valeurs actuelles a repris près de 2500 abonnés.
Avec des Unes comme «L'ayatollah», à propos de Najat Vallaud-Belkacem, «Le racisme anti-blanc» ou «Ces assistés qui ruinent la France», Valeurs actuelles défend un positionnement de "droite assumée". Le titre a été condamné en première instance, en février et en mars, pour provocation à la discrimination pour deux Unes de 2013: «L'Invasion qu'on nous cache» avec une Marianne voilée et «Roms, l'overdose». Il a fait appel. «Je fais tout pour éviter les polémiques», assure pourtant Yves de Kerdrel qui précise qu'il confie toutes ses Unes sensibles, notamment sur l'Islam, à son avocat Richard Malka.
Entre 2012 et 2014, Valeurs actuelles a plus que triplé ses ventes en kiosque, à 23 541 exemplaires, et fait passer sa pagination publicitaire de 330 à 520 pages par an. «Nos annonceurs viennent des secteurs du luxe, du patrimoine, des voyages, des vins et des spiritueux», indique le directeur de l'hebdomadaire.
«Je ne fais pas un journal en fonction des idées d'Yves de Kerdrel, ce serait suicidaire, ajoute l'intéressé, mais en fonction de ce que les gens attendent des valeurs de la droite: l'autorité, la sécurité, la famille ou l'environnement». Le patron du titre espère hisser Valeurs actuelles au niveau des grands newsmagazines d'ici à 2020.
