Stéphanie Hussonnois-Bouhayati est directrice des relations extérieures et de la communication du musée du Louvre. Elle explique comment faire vivre cette institution avec les codes d’aujourd’hui. 

Le musée du Louvre a une notoriété mondiale. Quelle est sa stratégie de communication ?

La notoriété du Louvre n’est pas à faire, c’est toute la spécificité de l’image à déployer aujourd’hui. L’enjeu, c’est de ne pas se résoudre à être un objet touristique. Nos efforts portent donc prioritairement sur les visiteurs de proximité, français, franciliens, parisiens, pour leur rappeler leur lien avec le musée, et faire naître et renaître une envie de Louvre. C’est un lieu généreux, émouvant, inspirant, le lieu de la découverte, du ressourcement, du plaisir aussi. Il abrite toutes les cultures et toutes les époques, il ne conserve pas juste une Joconde, mais mille jocondes comme l’affirme souvent Laurence des Cars, notre présidente-directrice. C’est ce message que nous souhaitons faire passer, de la plus petite à la plus grande de nos communications. On le retrouve dans nos récentes prises de parole comme «Ouvert à tous depuis 1793« ou «L’Inspiration est au Louvre», dans la tonalité de nos campagnes pour les expositions. Il motive la remise en majesté de notre logo iconique, car nous devons affirmer ce caractère unique, contemporain de toute éternité.

Le musée signe des partenariats originaux avec le groupe L’Oréal ou le film Joker Folie à deux. Comment les choisissez-vous ?

Pour faire vivre ce lien avec le public, nous jouons sur l’ouverture que nous offre le champ des partenariats, du licensing et du parrainage. Nous travaillons avec des signatures qui nous aident à faire comprendre que tous les chemins mènent au Louvre. Le Louvre est d’ailleurs bien plus connecté qu’on ne l’imagine avec le monde contemporain et la pop culture. Toute notre stratégie est donc d’augmenter la surface de contact avec le public là où il se trouve : au cinéma, dans la musique, dans les séries, chez les influenceurs et sur les réseaux, dans le champ de la mode, des mangas, de la tendance, du sport, du lifestyle, etc. Pour toute une nouvelle génération, la culture est un continuum et les appétits de culture sont omnivores.

Nous choisissons des écritures et signatures fortes. Pour la campagne de levée de fonds de l’acquisition du Panier de fraises de Chardin, nous nous sommes associés à Cuisine Ouverte avec Mory Sacko comme complice. Nous nous sommes tournés vers L’Oréal pour soutenir un récit de médiation sur le thème de la beauté dans les salles du musée, avec des œuvres qui parlent d’elles-mêmes à la première personne. Nous avons sollicité Warner à l’occasion du heureux hasard de la sortie du Joker et de notre exposition «Figures du Fou» et avons co-écrit avec eux et Lady Gaga un petit film qui se jouait de l’image de la Joconde. C’est une question d’instinct, d’état d’esprit. Nous nous rendons perméables à notre temps et à ses codes, avec une dose d’humour.

Comment utilisez-vous les réseaux sociaux ?

Nous ne cherchons pas la quantité, mais la qualité du lien. Nous surveillons l’engagement sur nos comptes sociaux et nous tentons d’y insuffler un nouvel état d’esprit. Là encore, nous aimons « faire famille», à travers des prescripteurs, des amoureux du Louvre. La dernière en date a été notre chère Sophie Fontanel, qui à l’occasion de la parution de son «Défilé au Louvre» s’est faite la meilleure ambassadrice du musée. Pour prendre la parole de cette façon, un peu plus décomplexée, un peu plus directe, rien de mieux que de compter sur ces voix qui portent. 

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