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Après plusieurs redressements judiciaires, cette fois-ci l’entreprise de chariots de supermarché Caddie n’arrivera pas à se relever. Le tribunal judiciaire de Saverne a tranché pour une cessation d’activité. 110 salariés y travaillaient encore.

« C’est la fin » : faute de solution de reprise, le tribunal de Saverne (Bas-Rhin) a prononcé mardi 16 juillet la fin d’activité pour le célèbre fabricant alsacien de chariots de supermarché Caddie, pour lequel travaillaient encore 110 personnes, la fin d’une aventure industrielle entamée dans les années 1920. « Il n’y aura pas de repreneur. On se dirige vers une liquidation dure », avait déclaré en fin de matinée l’avocat du Comité social et économique (CSE) de Caddie, Pierre Dulmet, très ému, à la sortie de l’audience devant la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne. Devant la grille du tribunal, une trentaine de salariés et syndicalistes de l’entreprise de Dettwiller (Bas-Rhin) ont accueilli la nouvelle dans le silence, oscillant entre déception et une forme de fatalisme. En début d’après-midi, à l’issue d’un délibéré de quelques heures, la « fin de poursuite de l’activité » sans aucune « reprise » à compter de mardi 16 juillet a en effet été prononcée par la juridiction, a-t-on appris auprès du tribunal.

La juridiction devait se pencher sur deux offres déposées fin juin. Sa trésorerie exsangue, Caddie avait été placé le 25 juin en liquidation avec poursuite d’activité, procédure qui avait permis d’enclencher le mécanisme d’assurance de garantie de salaires (AGS) afin que les employés puissent être payés. L’une des offres de reprise émanait de l’actuel propriétaire, le groupe Cochez, basé à Valenciennes (Nord) et spécialisé dans le transport et les services industriels, qui proposait de reprendre quinze salariés. L’autre avait été déposée par la société Skade Management de Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie, qui envisageait la reprise de 42 salariés et avait le soutien du CSE de l’entreprise.

« Le tribunal a dit stop »

« Le procureur n’a pas accepté l’offre de Cochez, il n’a pas eu le droit de présenter son offre », a précisé Me Dulmet à l’issue d’une audience d’environ trois-quarts d’heure. Et Stéphane Dedieu, qui n’a notamment pas pu réunir l’intégralité du financement nécessaire à son projet de reprise, « n’a pas présenté son offre. Son avocat est venu pour dire : "Je ne présente pas mon offre" », a-t-il poursuivi, expliquant qu’en l’absence de tout repreneur, le tribunal ne pouvait que prononcer « la cessation totale d’activité de Caddie ». « Vous avez été exemplaires dans ce dossier », a encore lancé Me Dulmet aux salariés. « Vous vous êtes battus à fond, mais quatre redressements judiciaires » en une douzaine d’années, « c’était un de trop. Le tribunal a dit stop, il y a trop de dettes, pas assez de projets industriels suffisants, et ils arrêtent la casse. »

« C’est un peu triste de finir comme ça », a lâché l’un des salariés, préférant garder l’anonymat. « Quelque part on s’y attendait un petit peu, on savait que ça n’allait pas bien mais on avait toujours espoir que ça puisse continuer. » En 10 ans chez Caddie, Kazim Arziman a connu « trois redressements. Là, c’est le comble, c’est la fin », lâche, amer, le délégué FO, qui regrette que les politiques ne se soient « pas du tout » intéressés ces derniers temps au sort de Caddie : « C’est dommage, il n’y a pas eu d’aide de la région ni de l’Etat… » Les pouvoirs publics s’étaient portés au chevet de Caddie en 2022, lorsque l’entreprise, déjà au bord de la liquidation, avait été reprise par Cochez avec l’aide de fonds publics. Désormais, « c’est le liquidateur (judiciaire) qui reprend la main pour organiser la suite », notamment, « dans l’urgence », la procédure de licenciements, a encore indiqué Me Dulmet. Les lettres de licenciements devraient partir fin juillet, a-t-il ajouté.

Nom déposé en 1959 et inspiré du golf, Caddie a connu un succès croissant, jusqu’à devenir désormais synonyme de chariot de supermarché. Ses origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928 avec des produits en fil de fer et la société a connu son heure de gloire avec l’essor de la société de consommation, avant de rencontrer des difficultés et de voir ses effectifs fondre au fur et à mesure des plans de reprise. En mai 2023, l’entreprise avait annoncé arrêter sa production de chariots de supermarché en plastique, mettant en avant un souci environnemental. Le nom de Caddie, entré dans le langage courant, survivra à l’entreprise.

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