Un premier magasin de l'enseigne brésilienne d'offres de gros Atacadao a été inauguré à Aulnay-sous-Bois, jeudi 20 juin, par le groupe Carrefour. Le modèle sous franchise de l'enseigne est critiqué par la CFDT.
Une enseigne brésilienne en banlieue parisienne. Un magasin pilote de l'enseigne Atacadao a été inauguré à Aulnay-sous-Bois, ville de Seine-Saint-Denis, à proximité de l'aéroport du Bourget, dans le gigantesque centre commercial O'Parinor, en lieu et place d'un hypermarché. L'ouverture a attiré des dizaines de clients. Présent à l'inauguration, le PDG du groupe Carrefour, Alexandre Bompard, a vanté une offre de produits « à des prix qu'on ne trouve pas en France », et un type d'enseigne adapté aux « zones populaires » et aux professionnels.
L'arrivée en France de cette enseigne à succès dans son pays d'origine, le Brésil, avait été annoncée en novembre 2022 par le PDG, à horizon « rentrée 2023 ». Mais un premier projet d'implantation à Sevran, dans le même département, avait fait l'objet d'une levée de boucliers d'habitants et d'élus locaux contre la disparition du seul hypermarché traditionnel de la commune, surtout pourvue en enseignes discount.
« Il y a eu des discussions avec plusieurs maires qui ont été plus ou moins favorables », assure à l'AFP le directeur exécutif en charge du projet Atacadao au sein de Carrefour, Noël Prioux, qui y voit avec le recul une opportunité pour « respecter le cahier des charges » de l'implantation de ce nouveau modèle. Des travaux importants ont en effet dû être menés à bien, notamment pour renforcer le sol du magasin en raison des importants volumes stockés. Petit commerces indépendants, restaurants, hôtels ou encore associations sont en effet ciblés par Atacadao, qui doit pouvoir répondre à leurs demandes.
« Nous espérons réaliser environ 30% de notre chiffre d'affaires » via les professionnels, qui bénéficieront de prix différents de ceux du public, explique Noël Prioux, ciblant par exemple les restaurants italiens ou asiatiques. Mais l'enseigne, qui comptera en fonction des périodes de l'année entre 13 et 20 000 références dans l'alimentaire, promet d'être dans « les moins chers de la zone ». L'assortiment diffère de ce qui est pratiqué au Brésil, où Atacadao vend surtout des produits locaux. « Là, je ne suis pas sûr qu'on ait des produits brésiliens dans l'assortiment et on vend en outre notre marque propre, alors que le Brésil ne le fait pas », précise le dirigeant.
À l'ouverture, jeudi 20 juin, Alexandre Bompard a insisté sur la présence de produits frais, d'une boulangerie et d'une boucherie dans le magasin pour souligner l'adaptation d'Atacadao à « l'identité française ». Carrefour se donne « entre six et huit mois pour comprendre si le modèle est bon », sans préciser d'objectif de chiffre d'affaires, avant d'envisager l'ouverture d'autres magasins sous ce format. Noël Prioux indique toutefois avoir déjà « identifié des villes où une implantation pourrait être intéressante ».
Modèle social
L'implantation à Aulnay-sous-Bois, une première en Europe, n'est pas exempte de critiques sur le modèle social, émanant des organisations syndicales du distributeur. Selon la CFDT, le magasin qui a rouvert sous enseigne Atacadao était passé en location-gérance en juillet 2022 et sa gestion a été confiée au groupe LabelVie. Ce dernier avait annoncé en interne « la réduction du magasin de 6000 m2 et la suppression de 96 postes », selon une communication de la CFDT datant de septembre 2023.
Noël Prioux a confirmé que la gestion du magasin était piloté avec LabelVie, franchisé qui a déjà mis en place des magasins sous cette enseigne au Maroc. Selon lui, le magasin emploiera « aux environs de 120 à 130 salariés », soit « une cinquantaine » de moins que dans un hypermarché de superficie équivalente. La branche services de la CFDT a assigné Carrefour en justice « pour pratique abusive de la location-gérance et de la franchise », l'accusant d'avoir externalisé plus de 300 magasins et 23 000 salariés à ce jour en confiant la gestion à des franchisés. Alexandre Bompard a récemment défendu cette politique permettant à Carrefour de ne pas fermer de magasins, dans un contexte « extraordinairement difficile » sous la « pression concurrentielle » de spécialistes du discount « dont le modèle social n'a rien à voir avec le nôtre ».