Invité de la première édition du Dircom Summit, le directeur de la communication de la Banque de France revient sur sa volonté de dépoussiérer l’image de la vénérable institution.
Rappelez-nous quelles sont les missions de la Banque de France ?
Elles sont résumées par les «3 S» : stratégie monétaire, stabilité monétaire, services à l’économie et à la société. Dans la pratique, la banque centrale est amenée à s’occuper de sujets aussi divers que le surendettement, les prévisions économiques, la future monnaie numérique, la transition climatique…
À votre arrivée, vous avez voulu ouvrir la communication de la Banque de France au grand public. Pourquoi était-ce important ?
Nous avions une image de fiabilité et d’expertise mais nous apparaissions un peu distants. Nos missions étaient mal connues des Français alors que nous les accompagnons au quotidien. Lorsque je suis arrivé, nous avions 2700 retombées médiatiques par an, principalement dans la presse économique et financière. Aujourd’hui nous sommes à plus de 17000 retombées dans tous les médias, de la matinale de France Inter à Quotidien. Le rôle d’une banque centrale n’est pas de parler seulement aux experts. Le gouverneur François Villeroy de Galhau croit beaucoup à la pédagogie économique. La politique monétaire fonctionne mieux quand les citoyens s’approprient les objectifs (la fameuse cible des 2% d’inflation) et la monnaie est plus stable quand les gens ont confiance, ce qui leur permet de se projeter dans l’avenir pour investir, embaucher. C’est un cercle vertueux pour l’économie et pour la société.
Comment avez-vous procédé ?
Nous avons tout remis à plat, pour toucher tous nos publics. Nous avons renforcé certaines actions anciennes et mis en place de nouvelles démarches. Nous expliquons le pouvoir d’achat, l’euro numérique, sans jargon. Nous avons développé l’événementiel, avec des réunions publiques dans toutes les installations de la Banque de France dans les départements. Nous participons aux Journées européennes du patrimoine, car le patrimoine immobilier de la Banque de France, avec la magnifique Galerie dorée de l’Hôtel de Toulouse, appartient à tous les Français. Nous intervenons dans les collèges, avec du contenu pédagogique sur le budget. J’ai fait changer la charte graphique du Bulletin de la Banque de France pour qu’il soit plus attractif. Sur les réseaux sociaux, nous avons changé de ligne éditoriale. Le site internet n’était pas assez utile au public, il a maintenant une rubrique «À votre service». Nous nous sommes posé la question de rester sur X, mais nous sommes d’avis que les institutions ne doivent pas en partir.
Que fait la Banque de France sur TikTok ?
TikTok fonctionne bien sur les messages de prévention concernant les bitcoins ou la fraude à la carte bleue. Nous testons tous les leviers pour toutes les cibles. Nous ne misons pas tout sur le digital, nous ne considèrons pas du tout que le papier est terminé. Nous parlons à tout le monde, aux entreprises et aux particuliers, aux seniors comme à la jeunesse, qui représente l’économie de demain.