Des pulls en crochet, des mini-jupes à carreaux ou encore des mannequins corsetées de latex : les styles s'entrechoquent à la Fashion Week de Londres où sont présentées, du 16 au 20 février, les collections des mois d'automne-hiver prochains.
Le 18 février, au troisième jour de la Fashion Week, le label JW Anderson, l'une des têtes d'affiche de la Fashion Week londonienne, a présenté des tenues semblant tirées du décor d'une chambre de grand-mère, faites de maille douce et fluide, complétées par des perruques grises bouclées portées par certains mannequins qui ont défilé dans l'immense gymnase du Seymour Leisure Centre. Aux pulls en crochet surdimensionnés, de couleur crème ou anthracite, ont succédé des robes faites d'étoffes transparentes rappelant des draps entortillés, ou attachées par des cordons de rideaux dont les pampilles tombent sur les poitrines.
Jonathan Anderson, le protégé du groupe LVMH, également directeur artistique pour la maison espagnole Loewe, a présenté sa collection devant un parterre de célébrités, dont les comédiens Asa Butterfield et Ashley Park, respectivement connus pour leurs rôles dans les séries à succès Sex Education et Emily in Paris, ou encore l'icône de la mode Alexa Chung. Plus tôt dans la journée, la créatrice Emilia Wickstead, dont les robes habillent la Princesse de Galles Kate Middleton, a ouvert le bal avec un show mêlant tenues de soirées scintillantes et tailleurs formels.
Reliques modernes
Le styliste Eudon Choi s'est lui inspiré d'une fresque patinée par le temps sur l'un des murs de la cité antique de Pompéi. Semblables à des reliques du temps passé, les mannequins ont défilé sur la musique d'un piano à queue installé au milieu d'une salle du Centre Hellénique de Londres. Le créateur, né en Corée et formé à Londres, a insufflé de la modernité dans les dos nus et épaules asymétriques, jupes transparentes piquetées d'ornements argentés, cagoules d'aviateur et robes de maille fluide, de soie et de velours, dans les tons rappelant la cité antique : anis, vieux rose, blanc cassé ou cobalt.
Le créateur d'origine américaine Conner Ives, diplômé de la prestigieuse école de mode Central Saint Martins à Londres, a quant à lui voulu dénoncer le gâchis matériel du monde moderne, sous les moulures du grandiose hôtel Savoy, avec des jerseys sportifs noués sur les épaules, des motifs de grosses fleurs dans le style des années 2000 ou encore des paréos et bandanas très sixties. Une mariée tenait entre ses mains des écouteurs filaires, « objets sans but », produits et jetés au fil des besoins et des envies « de notre société capitaliste », détaille le designer dans la note accompagnant sa collection.
Adolescence rebelle
Les cartons destinés aux invités copiant l'interface de MSN donnaient le ton : dans l'un des clubs gay les plus mythiques de Londres, le Heaven, Sinead Gorey a présenté une collection inspirée de l'expérience adolescente britannique dans les années 2000. « À l'époque, les tartans des jupes différaient selon les écoles », se rappelle la créatrice dans un mot d'introduction distribué au public. Sur fond de musique techno, de bruits de cour de récréation et de sonnerie de téléphone Nokia, les motifs tartan vert, orange et mauve et du drapeau britannique se déclinent en mini-jupes et en voilages, les Walkmans sont scotchés à la tempe des mannequins et les cravates rayées deviennent des tailleurs. La drag queen Bimini Bon Boulash a clôturé le défilé sous les applaudissements.
« Femmes-sorcières »
La très attendue designer turco-britannique Dilara Findikoglu a conclu le weekend par une procession célébrant les corps féminins, dans l'ambiance gothique de l'église des jardins de Mark Street. Dans un univers de latex rouge et noir, de corsets lacés et de cuir armaturé, d'intimidantes femmes ont déambulé, juchées sur des escarpins métalliques, sur une musique techno hypnotisante. « Ce sont mes femmes-socières », a déclaré à l'AFP Dilara Findikoglu quelques minutes après son show. Elle dit avoir imaginé un « ordre nouveau », un monde « où il n'y a ni frontières, ni genre, ni temps : rien ». Prisée d'icônes comme Lady Gaga, Margot Robbie ou encore Madonna, la créatrice n'avait pourtant pas pu défiler à la semaine de la mode londonienne de septembre dernier, expliquant dans un entretien au New York Times ne pas avoir les fonds nécessaires.
Initialement prévu en clôture, le défilé de KWK by KAY KWOK a lui été annulé « en raison d'un incident dans l'usine en Chine où sont produites les pièces clés du défilé de la collection », qui a détruit « une grande partie de la collection », a expliqué un représentant de la marque à l'AFP.