Quelles expressions nous ont fait bondir, rire, en bref, se sont imposées en 2023 ? Sélection non exhaustive.

Shrinkflation

Difficile de trouver un terme synthétisant plus les dérives de certaines marques mais aussi celles de l’adoption indéfendable de certains anglicismes dans la langue française. Derrière ce terme barbare, une pratique de margoulin loin d’être neuve mais qui a suscité la polémique comme jamais auparavant en 2023, inflation oblige. Mode d’emploi pour les éventuels intéressés : baisser le grammage d'un produit tout en maintenant ou augmentant son prix. De quoi faire de la réduflation – en français dans le texte – un fléau pour le consommateur et un ennemi qu’ont décidé de pourfendre publiquement certaines enseignes comme les groupements E.Leclerc et Intermarché/Les Mousquetaires ou encore Carrefour. Un jeu du chat et de la souris qui ne fait que commencer ?

«Je vous partage»

C’est une victoire éclair, une vraie Blitzkrieg langagière. Il y a encore cinq ans, tout le monde partageait un document AVEC nous. Aujourd’hui, presque inexplicablement, on NOUS partage un document. Le Figaro a beau tempêter «Je vous partage : ne faites plus la faute !», les linguistes ont beau souligner que «je vous partage» implique littéralement de débiter en morceau ses interlocuteurs, l’expression s’est propagée encore plus impitoyablement qu’en son temps le venin «Belle journée». La tournure viendrait des youtubeurs, ou du confinement, de ses réunions Teams et de ses foules de Powerpoints… En 2024, les locuteurs reprendront-ils leurs esprits ? 

Hallucination de l'IA

Dans le domaine de l'intelligence artificielle générative, une «hallucination» est une information erronée ou déformée mais présentée comme factuelle. Les modèles d'IA génèrent parfois des réponses délirantes, basées sur aucune donnée. Ces hallucinations résultent souvent d'interprétations incorrectes des données d'entraînement ou de conditions particulières dans les requêtes. Ces erreurs ne découlent pas d'une véritable conscience ou intention de l'IA, mais plutôt de limitations dans la compréhension du contexte.

Commerce media 

2023, année du retail media. Entre les alliances stratégiques – Publicis et Carrefour ainsi que Havas et Mirakl pour n’en citer que deux – et les acteurs montants tels que Kamino Retail, ce segment de la publicité digitale est en plein boom. Alors que le retail media ne représentait que 9% des investissements média digitaux des marques en 2019, il représenterait environ 43% en 2023. En 2022, ce pan du secteur publicitaire aurait même dépassé la barre des 100 milliards de dollars et devrait doubler la télévision dans cinq ans, selon GroupM. De quoi favoriser l’émergence d’une logique de commerce media, née de l’hybridation du brand media, de la performance media et du retail media. Le nouveau trio magique ?

La «Pick me girl»

À l’instar des tendances «That Girl» ou «Fit Girl» sur les réseaux sociaux, le hashtag «Pick me girl» participe à véhiculer des clichés sexistes sur les femmes. Littéralement, le terme «être une “pick me”» se traduit par «choisis-moi» et a été inventé pour désigner les filles qui ne sont pas comme toutes les autres, c’est-à-dire celles qui ne portent pas de maquillage, qui jouent au jeux vidéo et qui détestent les ragots dans le but d'être «choisies» par les garçons. Sauf que cette mise en avant passe par le dénigrement des autres filles. Si cette expression est très largement utilisée sur TikTok, elle est aussi moquée par les autres femmes qui pointent du doigt leur suffisance et la misogynie intériorisée.

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