L’édile de Cannes laboure depuis deux ans l’Hexagone pour aller, en tant que président de l’Association des maires de France, à la rencontre de ses collègues. Ce marathonien s’engage aujourd’hui sur un parcours semé d’embûches jusqu’à l’Élysée.

Aucune surprise n’était à attendre lors du Congrès des maires de France, qui devait se réunir du 21 au 23 novembre porte de Versailles, à Paris. Seul candidat à la présidence, David Lisnard, 54 ans, devait rempiler pour deux ans. En 2021, pour son premier mandat, il avait dû ferrailler, à la tête d’une liste transpartisane de maires de droite et de gauche, face à une alliance d’élus centristes poussée par l’Élysée. Adoubé par le sortant François Baroin, David Lisnard l’avait emporté avec 62 % des voix. Dès lors, il a veillé, à la tête de l’Association des maires de France, à ce que chaque décision soit prise à l’unanimité. « C’est un gage de crédibilité et cela prouve aussi une certaine capacité à rassembler », se félicite-t-il. Il n’a pas cessé non plus de courir les départements pour aller à la rencontre des élus de terrain. « J’y prends du plaisir », avoue ce sportif émérite qui ne rate pas un marathon Nice-Cannes et enchaîne les heures de travail.

Un rêve de gamin

Longtemps dans l’ombre du publicitaire Bernard Brochand, élu maire de Cannes en 2001, David Lisnard a réalisé son rêve de gamin, devenir maire de sa ville, en 2014. « J’ai été élu sans investiture », rappelle-t-il. L’UMP, à l’époque, n’avait pas tranché entre lui et son concurrent Philippe Tabarot. Une manière de prendre date pour l’avenir, cette fois pour la course à la présidentielle où il pourrait se heurter à l’appareil LR, qui parie sur Laurent Wauquiez. « On me pose beaucoup de questions sur la tactique, mais la tactique, c’est pendant la bataille, et hors de la bataille, ce n’est que de la tambouille politique », élude-t-il. En 2021, ses partisans l’avaient poussé à se présenter à la primaire. Il avait refusé, avançant « des raisons multiples », à commencer par l’obligation de terminer son mandat de maire. « Recréer de la confiance, c’est aussi respecter ses mandats », argue-t-il. En 2020, David Lisnard a été réélu maire de Cannes dès le premier tour avec 88 % des voix.

Mais s’il n’a pas franchi l’année suivante le Rubicon, c’est aussi par lucidité sur sa stature nationale. David Lisnard n’est apparu dans le paysage politique qu’à la faveur du covid. Son action locale pour la distribution de masques et l’accueil de sans-abri au palais des Festivals – qu’il a longtemps dirigé – l’ont fait connaître du pays. En novembre 2020, une tribune qu’il signe dans Le Figaro pour dénoncer « la folie bureaucratique française » fait des centaines de milliers de vues. Le journaliste de Valeurs Actuelles Quentin Hoster, qui lui a consacré un livre, David Lisnard, le réveil de la droite, paru aux éditions Télémaque, parle d’un « déclic ». « Il y a eu un avant et un après », reconnaît David Lisnard.

Le 3 octobre dernier, un millier de partisans étaient présents à l’inauguration du siège de son parti, Nouvelle Énergie, à Paris. Une directrice générale a été embauchée, la première salariée. La route est tracée, avec un mantra : « C’est la force qui fait l’union. » Une manière de dire que la droite républicaine devra bien se ranger derrière lui s’il impose le « corpus idéologique » qu’il s’attelle, au travers des 70 référents départementaux de son mouvement, à élaborer.

Parcours

1969. Naissance à Limoges.

2008. Élu conseiller général des Alpes-Maritimes.

2012. Élu député suppléant de Bernard Brochand.

2014. Devient maire de Cannes.

2021. Élu président de l’Association des maires de France.

2023. Crée son propre parti, Nouvelle Énergie, pour peser à droite en vue de la présidentielle de 2027.