American Vintage, Yves Rocher, Lalique... De grandes marques basées en région connaissent un véritable succès à l’étranger. Zoom sur huit d'entre elles.
American Vintage, un label résolument moderne
La marque de vêtements American Vintage a connu une croissance exponentielle. Aujourd’hui basée dans le Var mais créée à Marseille, elle compte plus de 200 magasins répartis dans 19 pays européens, ainsi que quelques marchés plus éloignés comme les États-Unis ou Hong Kong. L’Allemagne reste le marché le plus important, avec 10 % du chiffre d’affaires d’American Vintage réalisé outre-Rhin. La réussite de la marque, c’est d’avoir su communiquer autour d’une image cosmopolite, confortable et trendy, tout en se concentrant sur l’existant. « Notre stratégie consiste tout d’abord à renforcer les marchés existants, puis l’Europe et l’Amérique du Nord, en nous concentrant sur les marchés où nous pensons qu’American Vintage peut avoir un fort potentiel, comme les Émirats arabes unis et Singapour », indique Michael Azoulay, PDG de la marque.
Yves Rocher, l’expertise botanique
C’est dans le Morbihan, et plus précisément à La Gacilly, qu’Yves Rocher a vu le jour en 1959. Depuis, beaucoup de choses ont changé, mais pas sa localisation. Première marque de cosmétiques en France, Yves Rocher contrôle totalement sa chaîne de valeur. La quasi-totalité des produits (93 %) est encore fabriquée en Bretagne, et la marque est distribuée dans 90 pays à travers le monde. L’export représente d’ailleurs 60 % de son chiffre d’affaires ! Et s’il y a bien un pays qui fait le succès d’Yves Rocher, c’est la Turquie. « Il y a un potentiel énorme. Les femmes y sont très exigeantes concernant l’efficacité de leurs produits, et notre expertise botanique est vue comme une réelle alternative aux autres propositions du secteur. En Turquie, entre 2019 et 2023, notre chiffre d’affaires a quasiment doublé », explique Céline Damour, global brand director de la marque. Au-delà de la communication sur le pouvoir des plantes, l’important réseau retail d’Yves Rocher et sa proximité avec les clientes sont ses plus grandes forces.
Thuasne, au service du médical
Véritable success-story familiale et régionale, le groupe médical Thuasne est présent dans 85 pays à travers le monde, tout en restant basé à Saint-Étienne. D’ailleurs, une grande partie de la production se fait toujours ici. Les pays qui représentent la plus grande part de marché sont l’Allemagne et les États-Unis. Quant aux marchés porteurs, il s’agit plutôt de l’Asie et de l’Afrique. Mais si l’export fait partie intégrante de l’histoire du groupe, cela n’en reste pas moins challengeant. « Nous avons dû adapter certains de nos produits aux exigences locales, car les thérapeutiques ou les systèmes de santé ne sont pas les mêmes qu’en France », explique Anne-Sophie Ducottet, directrice marketing et communication de la marque. À ce jour, 50 % du chiffre d’affaires de Thuasne est réalisé à l’international. Un chiffre d’affaires qui s’élevait à 265 millions d’euros en 2022.
Lalique et sa boule de cristal
C’est dans la région Grand Est (région de tradition verrière ancienne) que se trouve l’unique site de production Lalique au monde. La maison, réputée pour son savoir-faire ancestral et ses créations en cristal, est désormais présente dans 80 pays, avec plus de 250 points de vente dont une trentaine de boutiques. La France est toujours l’un des marchés les plus importants, mais le Proche-Orient, le Moyen-Orient, les États-Unis ou encore l’Asie ne sont pas en reste. Ce succès s’explique en partie par le développement de la dimension art de vivre à la française de Lalique, avec des hôtels-restaurants et des collaborations importantes (Elton John, Zaha Hadid ou la fondation Magritte), mais aussi une communication basée sur un héritage culturel incomparable. En 2022, Lalique a réalisé un chiffre d’affaires de 89,5 millions d’euros.
Martin Pouret, l’excellence à la française
Martin Pouret fait la fierté de la région Centre-Val de Loire. La maison orléanaise spécialisée dans les vinaigres et les moutardes perpétue un savoir-faire ancestral avec une ambition : le diffuser à l’international. Paul-Olivier Claudepierre, son DG, est formel : « Aujourd’hui, on connaît les limites liées à l’export. Demain, ça n’aura plus aucun sens d’envoyer une bouteille de vinaigre outre-Atlantique, ne serait-ce que pour des raisons écologiques. Alors autant exporter directement le savoir-faire. » Martin Pouret est principalement présent dans trois zones géographiques : les pays nordiques, le Japon et les États-Unis. Et si l’export représentait 8 % du chiffre d’affaires en 2019, il devrait atteindre 14 % cette année. L’atout majeur de Martin Pouret ? C’est une marque made in France qui a une histoire forte. À noter qu’elle sera également partenaire officiel du Guide Michelin 2024 et qu’elle développe une collection avec le palais de l’Élysée : « Ça va être une arme absolue pour l’export, car on va pouvoir apposer le logo de l’Élysée avec celui de Martin Pouret », se réjouit Paul-Olivier Claudepierre.
La Cornue, made in France version luxe
C’est depuis le Val-d’Oise que la marque La Cornue fait rayonner l’excellence à la française à travers le monde. La maison de luxe, spécialisée dans les pianos de cuisson, fabrique encore l’intégralité de ses pièces en France : 750 cuisinières sortent chaque année de l’atelier. Mais la plus grande partie de son chiffre d’affaires (90 %) est pourtant réalisée à l’étranger, dont 68 % aux États-Unis, premier pays visé par l’export dès 1987. La Cornue est aussi très présente au Canada et compte bien asseoir son image de marque au Royaume-Uni ainsi qu’en Allemagne. Maison centenaire à la qualité reconnue, l’entreprise possède également une forte notoriété dans le monde de la gastronomie, et n’hésite pas à communiquer sur son artisanat et la personnalisation de ses produits à la demande. Un point fort pour l’international. Pas étonnant donc que la marque soit distribuée dans 650 points de vente à travers le monde.
Paraboot, une chaussure cousue main
La maison Paraboot, emblème de la chaussure made in France, n’a pas quitté la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis sa création au début du XXe siècle. Mais cela n’empêche pas la marque d’avoir le regard tourné vers l’international : la moitié de son chiffre d’affaires est d’ailleurs réalisée à l’étranger. Parmi les marchés les plus importants, on trouve le Japon (qui représente 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise), l’Italie, la Corée, l’Angleterre, les États-Unis et, de plus en plus, la Scandinavie. Un succès à l’étranger qui s’explique notamment par la constance de Paraboot et le savoir-faire de ses artisans : la marque ne suit pas les tendances éphémères, elle est fidèle à son ADN et s’impose comme une véritable référence en matière de chaussures cousues. Intemporelle mais résolument moderne.
Armor-Lux et les petites rayures
C’est depuis Quimper, en Bretagne, que rayonne Armor-Lux. Difficile de ne pas connaître la marque tant ses marinières sont réputées à travers le monde pour leur grande qualité. Armor-Lux vend ses collections dans plus de 30 pays, en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Ses quatre marchés les plus importants sont l’Allemagne (depuis 1982), le Royaume-Uni, le Japon et les États-Unis. « Naturellement, nos collections sont plébiscitées dans des pays qui ont une ou des frontières naturelles avec la mer, et une forte culture maritime », précise Marco Petrucci, responsable export de la marque. Aujourd’hui, l’export représente tout de même 10 % du chiffre d’affaires annuel d’Armor-Lux, qui continue de miser sur des collaborations d’envergure, par exemple avec le Museum of Modern Art de New York (en 2017 et en 2019) ou avec le designer Marc Jacobs en 2020.