Économie

Au sein des 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse, les inégalités de rémunération entre les dirigeants et leurs salariés se sont largement creusées en dix ans, d’après un rapport d’Oxfam France. En cause, une forte augmentation des rémunérations des patrons.

« Alors que les grandes entreprises françaises annoncent régulièrement des profits records, le partage des richesses produites au sein de ces entreprises continue d’être largement inégal », explique Oxfam France. L'ONG vient de publier, jeudi 27 avril, son rapport intitulé « Inégalités salariales : aux grandes entreprises les gros écarts » qui étudie l’évolution de la part de richesses allouée aux salariés entre 2011 et 2021 dans les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse. Il en résulte que, sur cette période, l’écart de rémunération entre le salaire moyen et le salaire des dirigeants est passé de 64 à 97.

Ainsi, sur une période de dix ans, les PDG des 100 plus grandes entreprises ont augmenté leur rémunération de 66 % alors que celle des salariés ne l'a été que de 21 %. Le smic n’a lui augmenté que de 14 %. Un écart encore plus grand au sein du CAC 40 : les PDG ont augmenté leur rémunération de 90 %, leurs salariés de 23 %. L’entreprise championne de l'écart salarial est Teleperformance, acteur mondial des call center, dont le PDG Daniel Julien gagne, en 2021, 1484 fois plus que le salarié moyen de son entreprise, soit 19 millions d'euros. Sur le podium suivent Stellantis et son PDG Carlos Tavares qui touche 1139 fois plus que le salaire moyen de son entreprise.

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Payé « le montant astronomique » de 66 millions d'euros, Carlos Tavares empoche en 3h22 l’équivalent du salaire annuel moyen de son entreprise, d'après Oxfam France. Enfin, la troisième place du podium des inégalités salariales revient à Dassault Système dont le PDG, Bernard Chalès, gagne 385 fois plus que le salaire moyen de son entreprise, soit 44 millions d'euros. « Des rémunérations qui sont indexées sur des critères court-termiste financiers », précise le rapport. Une logique financière visible dans la structure des trois plus grosses rémunérations : seuls 5,8 % de cette rémunération est fixe, 24 % est variable, et plus de 72 % est en actions.

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L’écart salarial reste important entre les femmes et les hommes. Selon le rapport, les dirigeants gagnent en moyenne 36 % plus que les dirigeantes, dans un monde où ces dernières sont sont largement sous-représentées à la tête des grandes entreprises françaises. Les hommes gagnent en moyenne 4,9 millions d’euros par an contre 3,1 millions d’euros pour les femmes. « Carlos Tavares, le directeur exécutif de Stellantis avec ses plus de 66 millions de rémunération annuelle gagne chaque année plus que toutes les femmes dirigeantes de grandes entreprises réunies », ajoute le rapport. 

Oxfam France précise qu’un autre rapport sera publié dans les prochaines semaines et apportera un éclairage sur la question des dividendes et des rachats d’actions.

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