Suite à l’abstention massive des dernières élections régionales, le vote numérique "smartphoné" est sorti de l'isoloir. Si le citoyen ne va pas aux urnes, c’est qu’elles sont trop loin. C’est donc à l’urne de venir à lui, comme un colis Amazon. Et qui braillera « a voté » après avoir indiqué du pouce son candidat entre le fromage et le dessert ? Si les citoyens ne votent plus, c’est, selon certains, qu'il faut simplifier le parcours d’achat. Mais voter n’est pas un « acte » réductible. Quand on vote, on ne fait pas que voter. On se déplace dans une école, une mairie de la République, où accueilli par des citoyens bénévoles et des élus, on fait la queue comme tout le monde: chaque citoyen au même niveau. Voter c’est une chorégraphie, un acte incarné qui dépasse le clic du doigt. C’est une manière de vivre pleinement le fameux vivre ensemble. En outre, la technologie est inégale d’accès. Tout le monde ne la comprend pas. Le mécanisme de comptage, obscurci par la dématérialisation, ne restera compris que par une élite de développeurs. Bonjour le complotisme : ce qu’on ne voit pas, on en a peur. Le papier et le crayon sont peut-être rétrogrades, mais c’est un moyen accessible et égalitaire d'appréhender le vote. Un enfant peut le faire, et nous sommes tous enfants de la Nation. La démocratie n’est pas un produit, le vote n’est pas un passage en caisse. Et les politiques ne sont pas des marques. Il est urgent de comprendre cela avant que le citoyen ne passe à la concurrence.
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