Aux Jeux paralympiques, on parle… de sport. Le public ne fait pas de différence entre les Jeux olympiques, que Londres a accueilli début août, et ceux destinés aux personnes dites handicapées, que la capitale britannique organise du 29 août au 9 septembre. Les organisateurs tablaient sur 1,8 million de billets vendus. Ils devraient en écouler 2,5 millions.
Un succès populaire dont la figure de proue est le sprinter Oscar Pistorius. Amputé des deux membres inférieurs, l'athlète sud-africain, baptisé «Blade Runner» à cause de ses prothèses en carbone qui lui permettent de courir, a été le premier sportif handisport qualifié aux jeux «valides». Comme n'importe quel autre vedette, il gère ses contrats publicitaires: Nike, Oakley, British Telecom ou encore la gamme A Men de Thierry Mugler.
«Un sondage de Channel 4, en Grande-Bretagne, indique que le public est plus tenté par l'achat d'un produit associé aux Jeux paralympiques qu'aux JO», rapporte Arnaud Assoumani, qui va tenter de conserver son titre olympique à la longueur. «On vend l'image du handisport à travers le sportif, car on fait la même chose que les valides, mais nos efforts sont très visuels et cela plait aux entreprises», confie Charles Rozoy, nageur médaillé d'or du 100 mètres papillon à Londres.
«Encore tabou en France»
«Nous proposons un côté social et sociétal, et une image positive dont les entreprises ont besoin pour leurs communications interne et externe», affirme Gérard Masson, le président de la Fédération française handisport (FFH). Pourtant, seule une poigné de sociétés s'investit réellement: Adecco, SFR, Malakoff Médéric, Société générale et EDF, dont le team officiel fait cohabiter athlètes valides et handisport. «Il n'y a pas de peur des entreprises, mais une méconnaissance, estime Arnaud Assoumani. Elles ne savent pas comment utiliser et activer ce type de partenariat, car, malheureusement, le handicap est encore un tabou en France.»
Un tiers des ressources de la FFH, environ 10 millions d'euros, provient des sponsors. Le reste se partage entre cotisations et aides de l'Etat. «Nous cherchons d'autres partenaires», confie Gérard Masson. Le ticket d'entrée est de 400 000 euros annuels.
Toutefois, les athlètes handisport ne bénéficieront pas de la même couverture que leurs homologues des JO. Détentrice des droits via l'Union européenne de radio-télévision, France Télévisions se contente de deux magazines quotidiens et a revendu les directs à la chaîne régionale TV8 Mont-Blanc pour quelques dizaines de milliers d'euros. Rien à voir avec la Grande-Bretagne, où Channel 4 a mis 10 millions de livres (12,6 millions d'euros) pour chiper les paralympiques à la BBC.