«Un petit café, s'il vous plaît!», claironne Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, sous un crépitement de flashs. Entouré par une foule de journalistes, de responsables d'opérateurs télécoms et de groupes bancaires, le maire de Nice entre dans le point de vente Malongo de l'avenue Jean-Médecin pour donner le coup d'envoi de la Journée sans contact du vendredi 21 mai. Dans cette très médiatisée démonstration grandeur nature, l'édile joue le rôle du cobaye, muni d'un téléphone mobile qui permet le paiement sans contact grâce à la technologie Near Field Communication (NFC). Le cafetier saisit le montant, le ministre approche son téléphone à moins de 4 cm du terminal et le paiement est effectué. Carte bleue équipée en NFC à la main, l'élue locale Florence Barale accomplit ensuite le même geste.
Dorénavant, les principales banques françaises proposeront à leurs clients azuréens cette nouvelle génération de cartes, tandis qu'un millier de mobiles NFC devraient être commercialisés à Nice début juin par Bouygues Telecom, NRJ Mobile, Orange et SFR.
L'intérêt ne réside pas dans la technologie, déjà expérimentée sur le territoire français voici trois ans (lire Stratégies n°1477), mais dans l'ampleur du test et de ses perspectives marketing. «À Caen et à Strasbourg, la démonstration s'effectuait dans le cadre d'un programme pilote, avec des mobiles prototypes et uniquement sur des actes de paiement, précise Laurent Jullien, chargé du sans-contact chez Bouygues Telecom et secrétaire général de l'Association française du sans-contact mobile (AFSCM). À Nice, il s'agit du lancement commercial de plusieurs fonctionnalités (paiement, transport et services) sous la marque de paiement par mobile commune aux opérateurs, Cityzi.» Après la baie des Anges au début du mois de juin et peut-être deux ou trois villes d'ici à la fin de l'année, le déploiement national de l'offre Pass Cityzi se fera en 2011.
Géolocalisation et ciblage marketing
Après un détour par un bureau de poste, Christian Estrosi fait halte devant un arrêt de tramway, pour montrer une autre facette du sans-contact. Le ministre sort son mobile de son costume bleu marine et l'approche d'un pictogramme NFC situé sous le panneau d'affichage. Sur son écran apparaissent les horaires des prochaines rames et la fonctionnalité «achat de tickets».
«Le paiement et le transport sont deux vecteurs très importants pour le sans-contact, mais nous comptons aller au-delà, par exemple avec de la géolocalisation, souligne Jean-Luc Manini, directeur délégué de l'opérateur virtuel NRJ Mobile. Une piste pourrait être de télécharger des bandes-annonces ciblées sur le mobile de tout acheteur d'une place de cinéma. En grande distribution, les produits pourraient être dotés de tags NFC, afin d'obtenir des promotions lors du passage en caisse.»
À la fin de la démonstration, des pictogrammes plus culturels sont disséminés au Mamac, le musée d'art moderne de Nice. En pointant son mobile dessus, on peut écouter en streaming des commentaires audio sur les œuvres. «Une forme nouvelle de convivialité urbaine», conclut Christian Estrosi.
Cependant, à l'inverse du Japon, la prolifération de téléphones compatibles NFC n'est pas encore assurée. Seuls deux modèles existent pour l'instant en France.