La société publique projette de diversifier ses activités, notamment en devenant un opérateur mobile virtuel d'ici à 2011. L'objectif est de conquérir 1,5 à 2 millions de clients d'ici à 3 trois ans.

Elle distribue le courrier, envoie les colis express, gère des comptes bancaires et relève même les compteurs Butagaz... La Poste souhaite aujourd’hui aborder le marché des télécoms. Autrement dit, revenir à ses premières amours. Société anonyme à capitaux publics depuis le début de ce mois, l'entreprise publique a annoncé son intention de se lancer dans la téléphonie mobile lors de son conseil d'administration du 11 mars. Confrontée à la baisse continue du volume de courrier (les revenus ont fléchi de 4,7% en 2009), La Poste cherche à étendre ses services de proximité et, surtout, à trouver de nouvelles sources de profit.

L’entreprise publique bénéficie d'une image forte auprès des Français, d’un réseau de distribution sans équivalent (près de 17 000 points de contact disséminés sur tout le territoire). De sérieux atouts pour réussir. «La force de la marque, qui s'appuie sur sa mission de service public, est d'être parfaitement ancrée dans l'esprit des gens», assure Stéphane Distinguin, fondateur et président de FaberNovel, société conseil en innovation.

Près de vingt ans après la fin du monopole des PTT, pas question toutefois de concurrencer l'ancienne administration sœur, France Télécom. L'entreprise publique songe à créer une marque d'opérateur mobile virtuel (ou MVNO, pour Mobile Virtual Network Operator) en louant les réseaux d'Orange, SFR, Bouygues ou Free. La Poste se targue tout de même d'une expérience dans les télécommunications. Elle a mis un pied dans le secteur avec la vente de recharges prépayées dans ses bureaux. Cette stratégie a apporté environ 120 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 500 000 clients en 2009.

Pour autant, le nouvel entrant aura fort à faire pour sortir du lot sur un marché déjà très encombré (voir encadré). «La Poste est cependant l'acteur le mieux armé pour aller chercher ceux qui n'ont pas encore de mobile. Elle peut proposer des offres plus simples, et surtout de proximité», explique Stéphane Distinguin. La Poste mise en effet beaucoup sur la qualité du service client et sur la simplicité de l'offre pour se faire une place. Son objectif se révèle ambitieux: de 1,5 à 2 millions de clients en seulement trois à quatre ans.

Une autre annonce illustre cette volonté de diversification. Ils’agit de la mise en place de Digiposte, un service en ligne gratuit de boîte aux lettres sécurisée. Écologique, ce service proposé aux particuliers comme aux entreprises permettra de placer sur un espace personnel des documents officiels. Il sera disponible à la mi-avril. «La Poste va à long terme récupérer sur le "digital" ce que le "digital" lui a volé», prédit Stéphane Distinguin.

 

(encadré)

 

Un marché virtuel très encombré

 

Un MVNO achète des minutes en gros à un opérateur télécom propriétaire du réseau avant de les revendre sous sa propre marque. Depuis 2004, une dizaine d'opérateurs mobiles virtuels sont apparus. On trouve des médias (M6, NRJ...), une banque (CIC), des groupes de distribution (Carrefour, Auchan, Leclerc, Fnac...), des spécialistes télécoms (Coriolis, Numéricable…)... Bien peu réussissent à tirer leur épingle du jeu face aux géants comme Orange.

Selon l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), le marché français des MVNO captait au 4e trimestre 2009 un peu plus de 3,5 millions de clients (+24,5% en un an), contre environ 55,6 millions pour les trois opérateurs historiques. Seul Virgin Mobile, avec 1,7 million de clients depuis qu'il a racheté Télé2 Mobile, semble faire son trou.

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