A’salfo, membre du groupe Magic System, et Pit Baccardi, rappeur et producteur, s’attellent à développer les industries culturelles et créatives en Afrique. Pour mieux structurer leurs projets, ils ont décidé de se former à HEC Paris.
L’un est connu pour faire partie du groupe ivoirien Magic System, l’autre pour sa carrière en tant que rappeur dans les années 1990. A’salfo et Pit Baccardi, de leurs vrais noms respectifs Salif Traoré et Guillaume N’Goumou, se sont servis de l’expérience accumulée tout au long de leur carrière pour lancer des projets associatifs et culturels sur leur continent natal.
Rappeur, fondateur de la boîte de production Empire Company, de son propre label Gold Prod et du Salon des industries musicales d’Afrique francophone (Sima), lieu de rencontre des professionnels de la musique, Pit Baccardi a eu un impact important sur le développement des industries culturelles en Afrique. De même pour A’salfo, qui a créé la fondation Magic System pour aider les populations pauvres du continent. Il a notamment mis en place le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) dans le village natal du groupe, un événement musical gratuit pour les populations précaires.
Malgré toutes ses initiatives, A’salfo s’est vite rendu compte qu’il n’avait pas toutes les clés en main pour mener tous ces combats qu’il entreprenait déjà depuis des années. Il a donc décidé de se former à HEC Paris, dont il ressort diplômé d'un master en management en 2023. « Le cursus m’a appris à structurer mes projets, remarque-t-il. Aujourd’hui, lire un bilan comptable, par exemple, m'est devenu plus simple, avant c’était d’autres personnes qui le faisaient pour moi. » Satisfait de son apprentissage, il convainc son entourage de le suivre dans cette voie. « Il fallait qu’on ait plus de personnes formées pour qu’on développe ensemble les industries culturelles en Afrique. » Il emmène notamment Pit Baccardi dans l'aventure. « Pit fait partie des personnalités dans le milieu du showbiz africain qui sait qu’il ne fallait pas rester dans le confort artistique. »
Autodidacte durant toute sa carrière, Pit Baccardi a été de 2020 à 2023 directeur du label et du publishing d'Universal Music Africa. Il vient aussi de se former à HEC au sein du programme Lead campus « sustainable leadership in Africa » et embrasse désormais les nouveaux outils que lui apporte cette expérience : « Avant, je présentais mes projets en utilisant des termes compris par les aficionados de mon secteur d’activité. Aujourd’hui, je formalise plus, pour que les profanes puissent comprendre mon idée. » Résultat de cet apprentissage : l’ajout d’un programme de formation des jeunes aux métiers des industries culturelles et créatives au Sima.
Le fondateur du salon se réjouit de faire partie des formateurs : « Je me suis découvert une nouvelle vocation. HEC m’a permis d’organiser au mieux possible cet enseignement. » Il souhaite d’ailleurs montrer l’exemple et retourner sur le devant de la scène prochainement, en commençant par un concert privé à Abidjan, le 5 décembre. A’salfo, lui, prévoit de mettre en place des centres de formation pour aider les personnes dans les arts vivants à se former et à être plus performants dans leur domaine.