La décision du groupe JCDecaux de retirer d’un mât drapeau l’affiche du livre Transmania mérite-t-elle la virulente opposition de deux camps bien distincts ? Un vrai débat ne serait-il pas plus salvateur ?
« Se dit des personnes dont l’identité de genre se situe en dehors du modèle de genre binaire, homme ou femme », dit Le Robert. D’où vient que la défense ou la critique de cette lutte identitaire suscitent une approche, pour le coup, extrêmement binaire ? En attestent les réactions à la décision du groupe JCDecaux de retirer d’un mât drapeau l’affiche du livre Transmania, après que le premier adjoint à la Mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, lui a écrit pour l’exiger. Le service public et toute la presse progressiste, au nom de la lutte légitime contre toute forme de transphobie, ne trouve rien à y redire quand les médias du groupe Bolloré, Valeurs actuelles, Le Figaro et Sud Radio se portent au secours de leurs autrices. Une ligne de clivage commode. Car ne faut-il pas se demander, comme le fait Marianne, si cette publication qui critique les supposées dérives de « l’idéologie transgenre », et ses conséquences sur les mineurs, mérite ce que l’hebdo appelle une « extension du domaine de la censure » ? « Personne n’a été en mesure d’en extraire un quelconque appel à la violence ou à la discrimination », assure Marianne. Pourquoi, dès lors, refuser le débat au mépris de la liberté d’expression et du commerce ? En tout cas, la censure étant un carburant promotionnel très puissant, les autrices, Dora Moutot et Marguerite Stern, peuvent se frotter les mains : elles sont numéro un des ventes sur Amazon.