Depuis une semaine, les acteurs de la poésie s'écharpent à coups de tribunes et contre-tribunes suite à l’annonce polémique de la nomination de Sylvain Tesson, associé à l'extrême-droite, comme parrain du Printemps des Poètes.
D’ordinaire inaudible, le milieu de la poésie fait couler de l’encre depuis une semaine et l’annonce de la nomination de Sylvain Tesson comme le parrain du « médiatique » Printemps des Poètes. Celui-ci égraine des événements poétiques en France tous les ans. Après une tribune signée par 1200 acteurs du milieu de la poésie dans Libération refusant de se voir représentés par une « figure de proue de "l’extrême droite littéraire" » et dénonçant ses idées sulfureuses, les contre-tribunes fleurissent pour s’associer, se dissocier, s’adjoindre, « s’en foutre » comme Olivier Morin, même dans des journaux qui n’ont jamais parlé de poésie. Chacun nie farouchement interdire à l’autre de parler, mais tout de même, aimerait bien qu’il se taise… Sylvain Tesson (qui n’est pas un poète selon certains, mais qu’est-ce qu’un poète ?) vend des livres, beaucoup. Quand nombre d’auteurs, d’éditeurs indépendants ont fait le choix de vivoter pour leur passion. Car la poésie ne se limite pas à Rimbaud, Baudelaire, ou Apollinaire. Mais c’est tout un tissu d’auteurs, d’éditeurs qui ne comptent pas leur dimanche pour laisser des voix s’exprimer, et faire vivre la complexité des idées dans les méandres de France, hors des « beaux salons ». Comment leur nier le droit d’être déçus ? Car oui, on peut y voir un glissement de la culture sur le terrain verglacé des pensées malsaines. Mais on peut aussi se dire, hélas, que Tesson n’est qu’une égérie publicitaire d’un festival de poésie irréductible à son seul parrain. Un vendeur de crème. Et visiblement, une mauvaise métaphore. À qui la faute ? Dans un texte, on n’accuse pas les mots, mais ceux qui tiennent la plume.